Après ses résultats 2022, quelles sont les perspectives d’Atos? Avons-nous juste évité l’iceberg ou est-ce déjà la Remontada?? (Analyse-Blog)

Atos, simple croissance ou remontada ?

(Par Euro17) 

Atos a publié le 28 février ses résultats de l’année fiscale 2022. Après-bourse. Très-très après-bourse d’ailleurs, à savoir vers 20h10. Entre membres ont dit souvent « Atos c’est un roman perpétuel ».

Ils ont été commenté lors de la traditionnelle conférence call mercredi matin. Les analystes semblaient plus curieux que lors des précédentes conférences call d’Atos et sont allés vraiment dans le détail, un peu sur la défensive, bien que tout le monde s’accordait pourtant à dire que ces résultats étaient très rassurants.

Après la sortie de cette publication d’Atos et des commentaires du nouveau management, plus quelques jours pour la digérer, on peut commencer à dresser un premier “bilan”.

 

Publié par Euro17,  le 21/03/2023 à 01h30

 

Les fondamentauxForce est de constater que les résultats ont été globalement positifs (moins pire qu’attendus par le consensus pour reprendre l’expression consacrée). Sans entrer dans tous les détails (source de dispersion), on peut dire que :

  • TFco-New-Atos a stoppé l’hémorragie, et s’est enfin stabilisé après 2 années très compliquées, et a pris de l’avance (2 ans et demi) sur le plan initial qui date des CMD du 14 juin 2022.
  • Evidian a confirmé son potentiel, mais seulement à partir du S2 2022, voir surtout du T4 (avec un premier semestre qui pèse sur le bilan annuel de ce périmètre)
  • La dette groupe Atos est encore présente, mais elle est maîtrisée et sous contrôle.
  • Dans son ensemble, le groupe Atos a enfin cessé (enfin presque, devrais-je dire) de brûler du cash, condition fondamentale et indispensable avant tout retour à profitabilité.

Ce sont là quelques lignes (on pourrait en ajouter des dizaines), mais l’objectif est de rester sur des axes principaux (le reste ne serait que littérature).

Partant de ce constat, on peut se poser une question : assistons nous aux prémices d’un vrai redressement , ou est-ce un simple ricochet tel un galet qui rebondit avant de plonger ?

C’est là je crois la question que se pose le marché. Quand je parle de marché, je ne signifie pas les acteurs spéculatifs provoquant des soubresauts, et sur lesquels d’ailleurs les petits porteurs que nous sommes peuvent s’appuyer pour essayer de surfer dans le bon sens (et là, certains acteurs du forum tel Matabeta, Barbouillard, Fabrice, et quelques autres encore, sont de précieux contributeurs pour confronter et/ou affiner les convictions et choix qui sont les notres).

Je parle plutôt des investisseurs engagés sur un temps plus long, sur des positions ancrées dans des portefeuilles de gestion, sur des piliers solides, qui, réduisant les titres disponibles, atténuent les oscillations très (parfois trop) erratiques du cours.

En parallèle, il faut aussi s’intéresser au contexte macro-économique. Nous constatons une inflation qui peine à baisser, et un marché de l’emploi qui reste soutenu. Les hausses des taux appliquées aux US et en Europe par la FED et la BCE ne portent pas encore leurs fruits. Il faut au passage signaler que l’impact d’une hausse des taux prends plusieurs mois avant de se refléter sur l’économie. Parlant d’économie, il faut aussi se souvenir qu’il n’y à peine 2 ans, nous étions confinés. Cela a généré un matelas d’épargne sur lequel les ménages (européens et américains) s’appuient aujourd’hui pour continuer à consommer en dépit de l’inflation.

C’est là un contexte particulier, unique même, car l’histoire n’a jamais connu pareil scénario. C’est aussi pour cela d’ailleurs que les marchés en général (le CAC) peinent à véritablement consolider voir baisser, et ce depuis fin 2022. Et si on y ajoute une reprise de l’économie chinoise (qui elle commence à peine à sortir du Covid suite au revirement politique de leur politique zéro Covid, qui avait atteint ses limites avec l’émergence d’une grogne de la population face à tant de contraintes), on peut imaginer une nouvelle poussée de l’inflation, alors même qu’elle est déjà bien collante.

Il faut y ajouter également un contexte géopolitique avec le conflit en Ukraine, qui malheureusement, au-delà de la tragédie humaine dont on ne peut que se désoler, contribue sur un plan économique au maintien de l’inflation sur certains secteurs et matières premières.

Si on quitte le contexte général et revient sur ATOS, même si la situation a cessé de se dégrader, comme évoqué au tout début, il reste néanmoins des relents d’un passé pas si lointain avec des PW, des changements de direction, et surtout, un plan de scission qui pour le moment est source de dépenses pour la société et pour lequel le marché reste hésitant à “payer pour voir”.

J’avais indiqué dans un précédent thread que pour certains, il n’est pas gênant de prendre l’ascenseur au premier plutôt qu’au rez-de-chaussée quand celui-ci monte au cinquième. Cela est d’autant plus vrai quand cet ascenseur était ou sous-sol il y a à peine 6 mois. Aujourd’hui, nous sommes au rez-de-chaussée, ni plus ni moins. Et les acteurs de poids restent encore un peu hésitant à entrer. Atos reste donc encore un dossier compliqué à analyser aux yeux du marché.

Bref, autant d’éléments qui conduisent à la prudence sur ce début d’année 2023.

Et pourtant …

Un premier motif est cette stabilisation de la situation que j’ai résumée en quelques lignes et sur lequel je ne vais pas m’attarder, 2022, c’est (le) passé.

Tournons nous vers un autre motif qui est ce fameux plan de scission. Rappelez vous combien ce plan a été décrié (encore aujourd’hui), et pour lequel il existe 2 camps aux positions bien arrêtés, et que je ne chercherai pas à réconcilier. La question n’est pas de défendre le bien ou mal fondé de cette scission, mais, en l’état actuel des choses, de le prendre pour un acquis en tant que tel.

ATOS a confirmé que le plan de cette scission était sur les bons rails et dans les temps. Les consultations avec les organismes sociaux dans les pays où cela est nécessaire ont été accomplis, les 700 M€ de cessions d’actifs non essentiels sont atteint circa 80%. Le calendrier demeure toujours avec une séparation pour le tout début du S2 2023.

Point important, ils ont également indiqué un plan de départ de plus de 7500 salariés en 2023. Bien qu’humainement difficile, ce genre d’évênement est favorablement apprécié par les marchés (source de réduction de coûts d’autant plus pertinent qu’ils annoncent un CA 2023  quasi équivalent à 2022, ce qui revient à dire qu’ils rationnalisent leurs effectifs à la taille de leur marché. Hors faire autant de chiffre avec moins de personnes, c’est source d’accroissement de marge (hors éléments exceptionnels). C’est tout de même pas loin de 7% des effectifs.

Concernant ces effectifs, pensez-vous que ces départs soient planifiées avant ou après scission. Cela a plus de sens qu’ils soient opérés avant scission, ne serait-ce que pour des considérations légales (les contrats, les conventions…). On peut donc imaginer que ces départs interviennent durant le S1 2023.

Ce plan a un coût, inutile de la rappeler… Et pourtant, c’est cette scission qui a fait venir Airbus sur le devant de la scène. Il n’a pas été le seul (et ne le sera peut-être pas dans un proche avenir), mais il est aujourd’hui le candidat le plus concrêt. On peut se dire que ce n’est pas nécessaire, ou que Evidian aurait du être constitué différemment, mais comme indiqué auparavant, la situation est prise en tant que tel et ne sera pas débattue ici.

Depuis l’annonce de ce plan les médias s’en sont donnés à cœur joie, les spéculations, rumeurs, les “sources proches” et consorts se sont bien fait entendre pour dire tout le mal qu’ils pensaient de ce plan… Et pourtant, Atos a pour la première fois confirmé discuter avec un acteur, Airbus.

Récemment, TCI est venue jeter le trouble sur ce deal, tel un chien dans un jeu de quilles, ce qui selon moi a contribué à atténuer la hausse du cours que l’on aurait pu imaginer. Certains diront que c’est une source supplémentaire en défaveur de la conclusion du deal, c’est possible en effet. Mais c’est aussi une question de conviction, ou plus précisément de confiance envers les orientations stratégiques non pas d’ATOS mais d’Airbus qui les ont amenés fin 2022 à entrer en discussion avec ATOS, puis après officialisation, à poursuivre ces discussions plus en avant dans une phase de due diligence.

Par voie de presse (à prendre avec précaution donc), on a appris également qu’Airbus avait fait le tour des Ministères pour démontrer le bien fondé d’une telle opération, sans nuire à la souveraineté nationale. Et puis si Airbus n’était pas intéressé, il aurait coupé court aux discussions. Mais non, ils poursuivent leur démarche et semblent prêt à se battre pour cela.

Encore plus récemment, on apprend par Le Monde que Daniel Kretinsky (soit dit en passant actionnaire du journal), serait en discussion pour une reprise de TFco… Ce qui pourrait apparaître comme une bonne nouvelle ne l’est pas vraiment, étant donnés les termes très obscurs demandés par cet homme d’affaires, spécialisé dans les redressements d’entreprise. Il semblerait que ce deal ait été pensé (et retranscrit par le Monde) avant connaissance des résus 2023 durant lesquels on a pu constater que TFco a fait mieux qu’attendu. Nous avons là donc encore un élément déstabilisant qui vient pénaliser l’entreprise (et son cours).

Ce que l’on constate donc, c’est que depuis des mois, au-delà d’une sanction boursière justifiée par les “égarements” de l’entreprise en 2021 et début 2022, s’est ajoutée une véritable campagne de déstabilisation, encore aujourd’hui…. et pourtant, l’entreprise s’est stabilisée, son cours de bourse a monté (de 8 puis 10, puis 12,  à 14 €), et son plan de scission a progressé tout en restant dans les délais (capacité qui était jusqu’alors fortement mise en doute de tous bords).

Alors oui, on peut être déçu que le cours ne monte pas plus vite (surtout pour des actionnaires ayant des prix de revient élevés et n’ayant pas coupé leur position suffisamment tôt), mais il monte. Et plutôt que de voir le verre à moitié vide, regardons le plutôt à moitié plein. Rien n’est acquis bien sûr, que ce soit le deal Airbus ou la confirmation du redressement de l’entreprise avec le Q1 2023 (CA publié le 27 avril).  Avec ATOS, nous avons eu son lot de mauvaises surprises.

Et bien, en prenant appui sur ces résultats 2022, on pourrait dire que nous ne sommes désormais pas l’abri de bonnes surprises….

Euro17, membre du forum « L’action Atos ».

Spécialite F&A.

 

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