Atos bientôt liquidé aux frais de la princesse ? [MARIANNE] + Postface-blog

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La société informatique Atos, en grande difficulté financière, est-elle condamnée ? Les créanciers et éventuels repreneurs sont loin de trouver un accord malgré l’urgence, à moins que l’État ne joue encore une fois les pompiers de service…

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Pour la place économique de Paris, le dossier Atos est devenu un feuilleton à rebondissements. Aussi, les salariés du groupe informatique sont passés ces derniers mois par toutes les couleurs. Et pour le profane de la chose financière, il est difficile de s’y retrouver dans les jeux de com des uns et des autres. Après l’échec de la direction d’Atos sur son plan de scission du groupe (évalué à 600 millions d’euros environ avec, au passage, des conseils, avocats et banquiers d’affaires grassement payés), le fond de l’air ressemble à celui d’une grande braderie : « On est en train d’assister à une liquidation aux frais de l’État et des banques», raille un acteur du dossier.

<< Liquidation >> : le mot est sur toutes les lèvres depuis des mois. Après les échecs successifs des négociations entre Airbus et Atos pour le rachat de la filiale BDS, qui rassemble les actifs les plus stratégiques du groupe hérités de l’ancien Bull (super-calculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, serveurs participant à l’intelligence artificielle et à l’informatique quantique), puis entre EPEI, le groupe de Daniel Kretinský (actionnaire de Marianne), et le groupe informatique au sujet de la filiale Tech Foundations, il y a urgence.

En avril, le géant informatique (110 000 salariés à travers le monde) a dû corriger en moins de vingt jours ses perspectives financières. Ses premières annonces avaient été considérées par les acteurs du marché comme totalement irréalistes, même si l’Autorité des marchés financiers est, une nouvelle fois, restée muette. L’entreprise déclarait pouvoir obtenir d’ici à trois ans une marge bien supérieure (10,7%) à ses performances passées (4,4% en 2023).

Son besoin de financement était sous-estimé, sa dette minorée. Un cadre d’Atos, interrogé alors, s’emportait: « C’est un business plan débilissime. Dans six mois, on y retourne, ce n’est pas du tout à la hauteur d’un plan de sauvetage.»> En réalité, le groupe a besoin de 1.2 milliard d’euros de cash pour assurer son activité jusqu’à la fin 2025, comme il l’a admis fin avril (et plus de 350 millions dès cet été). Par ailleurs, Atos aimerait voir sa dette totale (4.8 milliards) réduite des deux tiers, soit une ardoise de 3,2 milliards ou plus à effacer par les créanciers !

FLOU TOTAL

Dans ce contexte financier très tendu, Atos pourrait se retrouver dès juillet en situation de cessation de paiement, assure un analyste. Une perspective qui donne des cauchemars au gouvernement : « Cette contrainte de liquidités est bien prise en compte. C’est une question de jours et de semaines, le timing est pesé au trébuchet », nous confie-t-on du côté de Bercy. Ces dernières semaines, l’État a essayé de faire bonne figure en intervenant enfin publiquement sur un dossier qui a longtemps été considéré comme privé (une posture critiquée dans un rapport d’information du Sénat). Fin avril, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a envoyé une lettre d’intention au groupe Atos pour un éventuel rachat des actifs stratégiques au nom de la souveraineté, « qui ne correspondent pas à l’ensemble de BDS », précise toutefois l’entourage du ministre à Marianne, qui ajoute que cette lettre est en l’état « non engageante ». À Bercy, c’est l’Agence des participations de l’État qui est chargée de réfléchir au dossier et de voir si des industriels de la Défense pourraient épauler les pouvoirs publics (la facture se situerait entre 700 millions et 1,2 milliard d’euros), même si Dassault ou Thales, dont les noms ont été évoqués dans la presse, n’ont jamais travaillé avec Bull ces dernières années. Bref, l’intention est là, mais, pour l’instant, c’est le flou le plus total.

À Bercy, on assume pourtant:  «Notre offre », lâche-t-on en off à propos de ce dossier. Or le simple fait que l’État ait exprimé son intérêt pour ces actifs stratégiques a suscité les convoitises et en a réjoui plus d’un (le cours de Bourse a frétillé à la hausse lors de l’annonce). « Tout le monde veut la bonne affaire», ironise un observateur. « Le périmètre proposé par l’État est pris compte par tous les acteurs du dossier et leurs intérêts bien compris », reconnaît-on du côté du ministre. Ou comment nationaliser les pertes et privatiser les profits étant donné que ces actifs stratégiques sont les moins profitables…

Daniel Kretinský, associé au fonds spéculatif britannique Attestor, a déjà joué cartes sur table en déposant une nouvelle offre auprès d’Atos: le milliardaire est prêt à reprendre la société, en y injectant 600 millions d’euros, si l’État reprend les activités stratégiques et si les banques acceptent d’éponger une grande partie de la dette. L’autre « proposition » est celle de David Layani, patron de Onepoint, une entreprise spécialisée dans la transition numérique, et principal actionnaire d’Atos (à 11 %). À 45 ans, ce proche de Nicolas Sarkozy, notamment associé au fonds de Walter Butler, se pose désormais en garant de l’intégrité du groupe Atos, à grand renfort de communication, après avoir tenté d’en racheter un morceau en 2023. Beaucoup de com, car, pour l’instant, sa proposition est moins-disante avec l’injection de 350 millions d’euros dans Atos, même s’il propose aux créanciers d’effacer moins de dette que Kretínský (3.2 milliards contre 4 milliards). Sauf que ces deux « offres » n’apportent pas suffisamment d’argent frais au groupe informatique et ne permettent donc pas en l’état de répondre à ses besoins de financement… [Ndrl-blog Ceux qui apportent le moins ce sont les banques] « Tout est financé », se défendent pourtant les entourages.

Officiellement, l’entreprise en difficulté se donne jusqu’au 31 mai pour choisir. En apparence, Layani n’a pas les faveurs en haut lieu, ni celles des banques ni les moyens de Kretínský. « Tout le monde attend de voir si Layani peut avoir de l’argent », souffle un connaisseur d’Atos. De son côté, Kretinský n’a pas les faveurs de certains créanciers, notamment les obligataires qui ont déposé une autre offre avec des banques prévoyant l’épongeage de la dette de seulement 1,8 milliard d’euros. Ces derniers ont envoyé un courrier à Bercy et chez Atos, comme l’a dévoilé la Tribune, pour annoncer leur opposition à la proposition de Kretínský. Bref, les éventuels repreneurs et les créanciers se regardent tous en chiens de faïence. << C’est une vraie partie de poker menteur », s’irrite un acteur de la place.

Les banques frileuses

Le 14 mai, l’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux, chargée du dossier comme conciliatrice, a poussé un coup de gueule, exigeant davantage d’informations précises, tant de la part du groupe informatique que de celle des autres acteurs. « Va-t-elle avoir le courage d’ouvrir tous les placards de la société ?», se demande une experte. De leur côté, les banques ont refusé la conciliation sur Atos si le Comité interministériel de restructuration industrielle ne prend pas part aux discussions. Pour elles, la partie est difficile. Elles ne veulent pas être accusées de soutien abusif ou au contraire de rupture abusive de crédit, et ne sont pas prêtes pour l’instant à verser le cash nécessaire. Car si Atos regroupe de nombreuses compétences, le groupe dispose de peu d’actifs tangibles. En cas de défaillance globale, les créanciers pourraient se retrouver en grande difficulté.

Pour ne rien arranger, tous les créanciers ne sont pas d’accord.

Les regards se tournent vers BNP Paribas, à la fois banque d’Atos et investie aux côtés de Kretínský dans de nombreuses opérations, dont Casino. Au sein de la banque, le dossier Atos est confié aux « affaires spéciales », directement sous l’autorité de Jean-Laurent Bonnafé, le directeur général. Là encore, tous les acteurs attendent de voir ce que l’État fera dans les prochains jours. Cela devient une habitude: les capitalistes à la française, même quand ils sont pris en défaut, attendent toujours de l’État qu’il prenne les vrais risques.

https://www.marianne.net/economie/economie-francaise/faute-de-repreneurs-le-geant-informatique-atos-bientot-liquide-aux-frais-de-la-princesse

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

www.upra.fr