Atos : Interview de David Layani après le choix du board [LES ECHOS]

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David Layani : « Nous serons vigilants à ce que les actifs sensibles d’Atos ne soient pas bradés »

Cessions, transparence financière, plan social, fusion avec Onepoint : dans un entretien aux « Echos », le vainqueur du sauvetage d’Atos face à Daniel Kretinsky répond sans tabou aux questions autour de son projet de reprise avec des créanciers du groupe informatique français.

Par Anne DrifGwénaëlle BarzicFlorian Dèbes

Publié le 12 juin 2024 à 06:00 | Mis à jour le 12 juin 2024 à 09:18
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Vous l’avez emporté au finish face au milliardaire Daniel Kretinsky, quel est votre ressenti ?

Je ne suis pas dans l’état d’esprit de la victoire. Ma préoccupation c’est l’étape d’après. Nous entrons dans une phase active de discussions pour finaliser l’accord. Le corps social, les clients d’Atos sont dans l’attente depuis trop longtemps d’une ligne claire. La procédure de conciliation a déjà beaucoup duré. Les salariés ont été très engagés, je les remercie.

Je suis concentré sur la responsabilité qui est la mienne pour tout mettre en oeuvre pour aboutir à un accord définitif et être en mesure de déployer le projet OneAtos. Je constate qu’à la fin tout le monde s’est retrouvé, y compris les banques autour de la préservation de l’intégrité du groupe. C’est un critère déterminant.

Combien allez vous investir personnellement ? Votre engagement paraît in fine limité.

Nous allons investir 175 millions d’euros avec nos partenaires, dont entre 75 et 100 millions par Onepoint, un montant similaire à ce que nous avons déjà investi. Si cela était nécessaire, cela démontre notre niveau d’engagement et notre attachement à la transformation et au développement d’Atos.

Aujourd’hui, nous sommes sollicités par beaucoup de partenaires financiers qui veulent participer à l’aventure Atos. Nous recevons plus de demandes que de possibilité d’investissements.

Vous ne publiez pas vos comptes. En revanche vous avez mené à travers Onepoint une série d’acquisitions. Des questions peuvent se poser sur la santé financière et l’endettement du futur actionnaire de référence d’Atos ?

Comme de nombreux groupes familiaux ! Onepoint dégage une rentabilité proche de 10 % par an, et notre niveau d’endettement est à 1,7 fois l’Ebitda. Nous avons renforcé nos fonds propres avec Carlyle. Onepoint est une entreprise saine et en croissance.

Vous évoquez l’intégrité du groupe. Vous-mêmes aviez une autre vision et étiez prêt à scinder le groupe en écartant l’infogérance il y a deux ans ?

Je me suis inscrit dans les projets de la direction d’Atos, qui considérait que la scission apporterait plus de valeur tout en permettant à la société de sortir d’une crise financière. La réalité a été totalement différente, puisqu’après des dépenses en centaines de millions d’euros, force a été de constater que cela a détruit de la valeur tout en aggravant la situation financière.

De nombreux talents veulent revenir pour participer à cette aventure entrepreneuriale unique

David Layani

En montant à bord d’Atos, nous nous sommes rendu compte que ce qui était perçu comme une faiblesse devait être une force. Préserver l’intégrité de l’entreprise, c’est préserver le dixième acteur mondial dans un marché en croissance, en s’appuyant sur ses gros contrats d’infrastructure et d’infogérance pour pouvoir anticiper la demande des clients dans leur transformation cloud et IA dans un environnement sécurisé, qui doivent driver tout nouveau business de l’entreprise. C’est très positif, de nombreux talents veulent revenir pour participer à cette aventure entrepreneuriale unique.

Des plans sociaux sont en cours, que promettez-vous aux salariés ?

Il y a des actions engagées, que nous allons suivre de près. Notre ambition est de garder le maximum de collaborateurs en priorisant les formations pour les accompagner vers toutes les technologies et les savoir-faire en plein développement autour du cloud.

Nous nous sommes engagés à être créateurs de 2.000 emplois nets en France sur 5 ans. Nous serons très vigilants sur les impacts sociaux partout dans le monde et accélérerons les embauches sur les secteurs en plein de développement, comme la cybersécurité par exemple.

Des cessions sont engagées sur les actifs liés à la défense et au nucléaire. Avez-vous des lignes rouges ?

Nous sommes un partenaire de l’Etat depuis vingt ans. Nous ferons tout pour sanctuariser la partie des actifs dits ultrasensibles, mais nous serons très vigilants à ce qu’ils ne soient pas bradés.

Nous comprenons que les pouvoirs publics, qui sont nos interlocuteurs, travaillent avec des acteurs privés pour finaliser ces acquisitions à travers un consortium. Tout n’est pas néanmoins acceptable sur le plan financier au nom de la souveraineté si elle vient servir d’autres intérêts.

Êtes-vous prêts aussi à céder Worldgrid et perdre un volant de grands clients comme EDF ?

Worldgrid est un très bel actif . Si EDF ou l’un de ses partenaires souhaite acheter ce fournisseur de logiciels pour les centrales et si c’est la solution pour maintenir la sécurité industrielle des systèmes du parc nucléaire, nous ne nous y opposerons pas. Nous sommes un partenaire de l’Etat, EDF est l’un des tout premiers clients d’Atos, comme de Onepoint.

Votre projet a été approuvé. Mais on dit qu’il est avant tout celui des hedge funds et des porteurs obligataires. Et des taux jugés quasi usuraires vont devoir être payés par Atos ?

C’est l’objet même des discussions qui s’ouvrent dès aujourd’hui avec l’entreprise et les créanciers. Nous sommes les seuls actionnaires de long terme.

A un moment, il y aura une recomposition du capital et nous nous sommes clairement engagés à rester. Les fonds en revanche sont libres de partir à un moment donné, c’est leur nature.

Quelle sera la future gouvernance ? Vous prévoyez d’être CEO mais avez cherché à recruter Stéphane Richard, l’ancien patron d’Orange et scinder vos fonctions. Etait-ce une demande des créanciers ?

Absolument pas. J’ai pensé qu’il fallait équilibrer la gouvernance. La transformation opérationnelle de l’entreprise sera extrêmement mobilisatrice. Nous engageons un processus avec les créanciers pour identifier les meilleurs profils.

Vous êtes aussi engagé sur le front de Onepoint. Est-ce gérable en termes de gouvernance ?

Nous allons renforcer celle de Onepoint. C’est indispensable pour préserver sa trajectoire de croissance rentable. A ce titre, Bertrand Baret, grand professionnel du secteur va nous rejoindre en tant que directeur général délégué en charge des opérations.

Et après ? Comptez-vous fusionner Atos et Onepoint ?

La question est clairement posée. Mais nous nous laissons d’abord deux ans pour redresser la barre d’Atos et sécuriser son développement. Nous évaluerons ensuite la pertinence de cette option.

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-nous-serons-vigilants-a-ce-que-les-actifs-sensibles-ne-soient-pas-brades-2100794

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Atos : le défi de la relance

David Layani et ses partenaires vont prendre la main sur un groupe informatique au moment où le marché a ralenti. La transformation du groupe passera par des embauches mais aussi des départs.

Sur ce marché de temps long, les prochains trimestres seront probablement compliqués alors qu'il faudra du temps aux commerciaux d'Atos pour rassurer les clients et renouveler les contrats en cours, voire en signer des nouveaux.
Sur ce marché de temps long, les prochains trimestres seront probablement compliqués alors qu’il faudra du temps aux commerciaux d’Atos pour rassurer les clients et renouveler les contrats en cours, voire en signer des nouveaux. (Ludovic MARIN/AFP)
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Par Florian Dèbes

Publié le 11 juin 2024 à 19:04Mis à jour le 12 juin 2024 à 10:21
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Des semaines de suspens et maintenant ? Le dénouement en faveur de l’entrepreneur David Layani (Onepoint) et de ses partenaires dans le dossier Atos va régler pour les prochaines années les problèmes de dette qui étranglaient le groupe informatique français. Mais redresser l’entreprise sur le plan opérationnel reste un défi.

Deux ans presque jour pour jour après la présentation d’un premier plan de sauvetage finalement avorté, « l’actif est abîmé », relève un observateur. Plus récemment, pendant des mois de rebondissements, des clients et des salariés ont hésité à partir voir ailleurs. Au début de l’année, les prises de commandes étaient au plus bas. « Cette période laissera des traces », convient David Layani, dans une interview aux « Echos », tout en affichant sa volonté de reconstruire un grand champion européen de la tech avec ses 95.000 salariés. Il en prendra la direction à la fin de l’année.

Un marché au ralenti

La tâche n’a rien d’évidente. Sur ce marché de temps long, les prochains trimestres seront probablement compliqués alors qu’il faudra du temps aux commerciaux d’Atos pour rassurer les clients et renouveler les contrats en cours, voire en signer des nouveaux. Or, la période n’est pas la plus propice sur le marché.

« Atos a raté la période faste de l’après-Covid et le marché a maintenant ralenti », explique un analyste qui table sur une croissance modérée de 4 à 5 % pour le marché total en 2024. « Nous sommes au point bas, cela va repartir mais le rebond prendra probablement la forme d’un U plutôt que celle d’un V », illustre Nicolas David, analyste chez Oddo BHF.

Des contrats peu profitables

A ces complications conjoncturelles viennent aussi s’ajouter les difficultés toujours d’actualité d’Atos. Attaché à conserver l’intégrité du groupe, Atos, sous le contrôle de OnePoint, Econocom, Walter Butler et des créanciers, devra faire avec la branche Tech Foundation, en difficulté structurelle. Sous la précédente direction de Nourdine Bihmane, l’évolution du chiffre d’affaires était certes repassée dans le vert mais de nombreux contrats peu profitables subsistent dans le portefeuille du groupe et pèsent sur la rentabilité de l’ensemble.

Dans son projet, le consortium gagnant assure que la transformation des activités d’infogérance vers des services plus modernes (notamment en lien avec le cloud) permettra ensuite de vendre davantage de services logiciels autour des données et de l’intelligence artificielle. Les salariés sont prévenus : ce voyage passera par de la formation, des embauches mais aussi des départs.

Des prévisions prudentes

Dans ce contexte, les prévisions restent prudentes à court terme. A 9,6 milliards d’euros, le chiffre d’affaires stagnera en 2024 et 2025 pour une amélioration modeste des profits opérationnels (pour 281 millions d’euros en 2025, contre 214 millions en 2024).

L’accélération sera plus franche par la suite. En 2026, Atos pourrait de nouveaux franchir la barre des 10 milliards d’euros de revenus et même enregistrer une croissance de 6,5 % l’année suivante. « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Avec la moitié de leur business qui ne fera pas plus 1 % de croissance, je peux parier ma maison que ça n’arrivera pas », assure un analyste. La réussite de ce plan doit permettre à l’entreprise d’enregistrer 800 millions d’euros de profit opérationnel annuel et 900 millions de liquidités. Mais ce projet pourrait tout aussi bien s’avérer rapidement caduc. A cette échéance, Atos pourrait avoir fusionné avec OnePoint.

Florian Dèbes

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-le-defi-de-la-relance-2100769

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validées par un juge.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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