Atos : les hedge funds prêts à monter au capital [LES ECHOS]

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Les fonds alternatifs unissent leurs forces avec les institutionnels pour convertir leur part de dette en capital et prendre en main la destinée du groupe Atos. Ils pensent pouvoir convaincre les banques qui détiennent l’autre moitié de la dette de faire des sacrifices et sont prêts à donner à l’Etat un rôle sur mesure pour les activités souveraines.

Par Anne Drif

Publié le 17 avr. 2024 à 09:18  Mis à jour le 17 avr. 2024 à 09:41
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Les créanciers comptent prendre la main chez Atos. « On va faire une offre où nous prenons les clés et apportons la totalité de l’argent frais », dit l’un d’entre eux. Plus de place au doute chez les hedge funds et les autres créanciers obligataires détenteurs de la moitié des 4,8 milliards d’euros de dette du fleuron du cloud et du supercalcul, dont la valeur s’est effondrée à moins de 200 millions d’euros : « Nous sommes les propriétaires virtuels ».

« Si des industriels s’intéressent à Atos, comme David Layani, dit l’un d’eux, on étudiera leur demande. Mais on n’a besoin de personne ». Rivaux jusqu’ici, les deux camps de créanciers obligataires ont ce dimanche uni leurs forces pour peser plus lourd dans les négociations : les porteurs de dette à échéance 2024-2025 menés par les hedge funds Boussard & Gavaudan , D.E. Shaw, Tresidor Investment Management et Syquant Capital ont pactisé avec la finance institutionnelle exposée à plus long terme -le spécialiste de la protection sociale AG2R, les gestionnaires d’actifs Schelcher Prince Gestion (Arkéa), OFI (Aéma) et Amundi, ainsi que les banques privées Lombard Odier et Pictet porteurs de dette jusqu’en 2029.

Moins de dix jours

A la tête d’un bloc uni de 2,4 milliards d’euros, ils se disent prêts sur le principe à convertir la moitié de leur dette en capital. Une réponse favorable donnée à l’appel d’Atos la semaine dernière : le géant du numérique a donné à ses créanciers et à tous les volontaires jusqu’au 26 avril, dans neuf jours, pour trouver le moyen de diviser par deux sa dette et injecter 1,2 milliard d’euros d’argent frais. Dans une interview à Bloomberg ce matin, Paul Saleh, le DG du groupe, se dit confiant sur l’avancée des discussions et le sauvetage d’Atos d’ici juillet.

« La société a donné un cahier des charges, on s’y inscrit », dit un porteur de dette. « Aujourd’hui il y a un accord de principe chez les obligataires. Tout sera ensuite question de savoir combien vaut Atos, en quels termes va s’opérer la conversion, et combien sont prêts à injecter les uns et les autres », dit un créancier. C’est clé, car ceux qui ont le plus de moyens verront leur créance plus sécurisée que les autres. Les lignes vont encore bouger, tout est ouvert ».

Un pas positif donc pour Atos, mais pas de quoi conforter tout à fait le gouvernement : la perspective de voir les supercalculateurs employés pour la simulation des essais nucléaires, le développement du système de commandement du programme Scorpion de l’Armée de terre, ou encore le prestataire de sécurité des connectivités à bord du nouveau Rafale « F4 » de Dassault , tomber entre les mains de multiples hedge funds et fonds de dette a de quoi donner des sueurs froides dans l’appareil d’Etat.

Bercy a annoncé prendre une action de préférence au capital de l’ex Bull qui concentre les actifs sensibles d’Atos. « A ce stade toutefois rien n’est fait, cela va prendre plusieurs mois. Il faut encore détourer et isoler l’activité du reste du groupe, former et cantonner la nouvelle entité juridique », dit un proche du dossier. D’ici là le sauvetage d’Atos peut réserver des surprises.

«Pas là pour dépecer la bête»

Là aussi, hedge funds et créanciers obligataires veulent rassurer : ils ne joueront pas aux kamikazes avec l’Etat : « Nous sommes prêts à mettre en place une nouvelle gouvernance souveraine appropriée », assurent-ils. « L’Etat a un intérêt légitime à vouloir protéger ses actifs sensibles. On n’est pas là pour dépecer la bête »

Ils seraient prêts par exemple à accepter la nomination d’un membre de l’Etat au conseil d’Atos, même si dans leurs rangs certains parlent plutôt d’engagements de maintien de l’activité en France, ou de représentants indépendants. « C’est ce que l’Etat avait demandé lors de la restructuration du parapétrolier CGG, dit un créancier. Mais sur le principe tout ce que demande l’Etat, je le fais »

Personne ne se risque à penser « nationalisation » à ce stade . Encore moins du côté de David Layani qui espère monter à 35 % du capital et avec qui les obligataires sont en négociations avancées pour trouver une solution d’équilibre avec un actionnaire de référence pour Atos: « nous n’avons pas de sujet avec l’Etat » affirme-t-on dans le camp de l’entrepreneur associé à Walter Butler et financé par Carlyle.

Le volontarisme des hedge fund et l’intervention de l’Etat dans le dossier ne font en revanche pas les affaires des banques qui détiennent l’autre moitié des 4,8 milliards d’euros de dette. Sept seraient en première ligne : BNP Paribas, Société Générale, CIC (Crédit Mutuel) et Natixis (BPCE), ainsi que Commerzbank, ING et Barclays.

Frein des banques

La perspective de convertir leur dette, et de devoir inscrire une charge en capital quasi équivalente repousse une grande part d’entre elles. « Ce n’est pas bien vu, non, pour les banques l’enjeu est bien plus compliqué que pour les créanciers obligataires. On attend encore beaucoup d’éléments financiers d’Atos pour se prononcer. L’échéance donnée par Atos pour des propositions est très courte » dit l’un d’eux.

Les créanciers obligataires estiment en tout cas eux que les banques devront prendre leur part de la peine, soit en théorie la moitié des 2,4 milliards d’euros qu’Atos veut effacer : « Contrairement à Orpea ou Casino, la structure financière est « pari passu », personne n’a plus de droit que les autres. La conversion s’impose à tout le monde. On est prêt à convertir mais sur la base d’un effort partagé », dit un membre obligataire.

La présence des pouvoirs publics pourrait en tout cas aider à convaincre les banques : « L’État est très impliqué dans le dossier, dit un obligataire. Les banques françaises en particulier n’ont pas de moyen de bloquer le deal cette fois ci ».

Anne Drif

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-les-hedge-funds-prets-a-monter-au-capital-2089361

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