Atos : Qui pour remplacer Paul Saleh ? [Brève-blog]

 

Paul Saleh est désormais très fragilisé au sein d’Atos.

Il avait déjà depuis plusieurs mois perdu la confiance des fournisseurs qui désormais demandent tous un paiement avant expédition.

Mais depuis, c’est Mustier qui tire la gueule. En effet, d’un coup d’un seul, il a perdu la confiance des clients et surtout de ses collaborateurs.

Je rappelle le type de questions posées lors du dernier call du 10 avril :

 

Et surtout Paul Saleh a perdu la confiance de la fille de Michael Brachtl, Client Partner à Munich. Tout le monde se souvient de la question avec tact et pudeur de Michael, qui au lieu de demander « est-ce que je risque de perdre mon emploi », avait dit « ma fille lit les nouvelles et s’inquiète sur le sort de son papa, que dois-je lui dire ? »

Blabla habituel de Paul, tout va bien, et qui au passe explique des différentes phases « mediator » (mandat Ad Hoc), « conciliation », « safegard » et enfin « restructurating », précisant « we would go there only if we are stuck » (pris à la gorge) and we are far to be there » et on en est très loin, donc vous pouvez rassurer votre fille. Elle peut dormir sur ses deux oreilles.

Que doit donc penser la fille de Michael de Paul Saleh ? Et que doit dire Michael à sa fille ? « sorry sweat heart, my boss has lied to me ».

2 mois et 7 jours après cette question, Atos entre en restructuration en lançant un appel d’offre et en précisant qu’un plan sera présenté le 9 avril.

Le 9 avril Paul et Jean-François, le nouveau DAF d’Atos présentent ce plan, un tantinet « court » 600M€ de fond propres et l’obligation de garder 50% de la dette. Autant dire qu’il n’y aurait eu qu’une seule offre, celle de Layani.

Kretinsky fait le mort. Pas un coup de fil.

Mustier qui ne veut pas de Layani, comprend que Paul s’est vautré dans les plus grandes longueurs et a présenté un plan Bisounours.

 

Hélène Bourbouloux s’inquiète. En quelques jours, elle comprend que ce plan est complètement à côté de la plaque et que Layani ne pourrait jamais rembourser les 50% de dettes restantes. Elle appelle Kretinsky. « Hélène, si Atos ne propose pas un plan sérieux, je me retire du dossier, j’ai suffisamment de travail avec le dossier Thyssen-Krup ».

Coups de fils aux plus gros créanciers. « La situation s’est dégradée, on est au bord de la cessation de paiement, on va devoir vous demander une contribution bien plus importante. Mais ne pensez pas que vous avez le choix, les 450M€ seront partis dans la nature d’ici juin. Par contre si vous faites cet effort qu’on va vous demander, Kretinsky fera une offre extrèment sérieuse ».

En quelques jours, Hélène Bourbouloux trace les contours du nouveau plan et rappelle Kretinsky. « Daniel, il faudra monter à 1Md€ de New Money, mais une partie des créanciers est d’accord sur -70% d’écrasement, mais vous devrez vous battre pour convaincre l’autre moitié. En parallèle, le CIRI discute avec Le Maire pour faire une offre sur les activités souveraines. On vous enlève les supercalculateurs et la Cyber Militaire. Mais vous gardez les Managed Secured Services. »

« Voilà qui est une bonne nouvelle Hélène, dans ces conditions, EPEI va réfléchir à déposer une offre. Par contre je dois vous prévenir que notre offre aura une validité de 21 jours. Si le board n’était pas capable de prendre sa décision dans cet espace de temps, le business serait trop endommagé, et je ne suis même pas sûr que nous pourrions continuer à utiliser la marque Atos.

25 avril. Présentation des résultats. Le blog avait prévenu, si le book to bill était élevé, c’est que les chiffres seraient bidonnés.

Or le 20 mars, le groupe Danois Novo Nordisk envoie une lettre d’intention pour un HPC à 350M€ avec une signature qui ne pourrait être effectuée que sous levée de la note CCC.

Quant à l’extension du HPC Jean Zay que nous estimons entre 40M€ et 50M€, comme par hasard la commande est reçu le 29 mars, le tout dernier jour du trimestre, le 30 et 31 étant un samedi et un dimanche. De là à penser qu’Atos a mis une pression énorme pour signer ce contrat avant la fin du trimestre et en l’occurrence le DERNIER JOUR du trimestre. L’un n’est pas une commande ferme, et pour l’autre, on peut émettre les plus vifs doutes si l’accord verbal a été donné le 29 mars et le contrat signé la première semaine d’avril. C’est quand même une sacrée coïncidence que qu’un contrat d’un tel montant tombe le dernier jour du trimestre non ??

Paul Saleh les inclus donc comme commande ferme. De toute façon, peu importe, quasiment toutes les commandes du 1er au 12 avril, sont également incluses dans le book to bill du T1. Bilan, on passe d’un book to bill réel de 43% (estimation blog) à 64% données Atos SE.

Finalement, le lundi 29 avril, la prévision de décroissance 2024 est augmenté de -2% à -3.3%. Toujours une prévision ultra-démagogique. Je rappelle les estimations blog :

Baisse du CA 2024 :

Estimation Atos : -3.3%

Estimation Blog : -11% à -13% dont -16 à -18% au S2.

Certes il y a une expression qui dit plus le mensonge est gros et plus ça passe. Mais s’il est vraiment trop gros, ce qui se passe, c’est :

Le poing sur la table de JP.

Heureusement, à 63 ans, il ne risque pas de nous péter la table du board. Mais tant les Echos que Le Figaro nous ont rapporté cet anecdote « Arrêtons de mentir » aurait dit JP.

Sachant que les membres du board, personne ne les connait et ils ne s’expriment jamais, je mets d’ailleurs au défi n’importe quel actionnaire de prononcer plus que deux noms. Layani, lui ne parle que de son plan à lui et pas de la situation d’Atos.

Donc ce poing sur la table, c’est à l’attention de : suivez mon regard…

Je rappelle que si les trois précédents DG n’étaient pas membres du board, ceux-ci assistent à beaucoup de conseils d’administrations et sont donc là, présents, mais à simple titre consultatif. Donc en gros, Paul était là et s’est pris une grosse soufflante.

Tout comme j’ai la preuve écrite que le Book to Bill était bidonné, qui me rend si sûr, j’ai la preuve également que les prévisions de ralentissement d’activités 2024 sont bidonnées et fantaisistes.

Et enfin, j’ai la preuve que Paul Saleh savait déjà le 8 avril la marge opérationnelle et les besoins en cash, et qu’il les a volontairement minorés pour donner une image du groupe moins catastrophique qu’elle n’était.

Ce qui est fou, c’est que les collaborateurs d’Atos sont tous prêts à entendre des mauvaises nouvelles, même Alia Iassamen très proche de la direction aurait parlé en CL de possible dépôt de bilan. Ce qu’ils souhaitent, c’est la vérité. Comme par exemple ne pas appeler un airbag anti-dépôt de bilan, « un coussin de sécurité » de 450M€.

Le pire dans tout cela, c’est que la tardive réaction de l’état vient justement que Paul Saleh a caché y compris au CIRI l’ampleur des difficultés et qu’il a fallu que ce soit le CIRI et Hélène Bourbouloux qui alertent Bercy.

Revenons sur cette question d’un client Partner :

La réponse de Paul Saleh à cette question a été :

« Je ne pensais pas que les fournisseurs nous demanderaient de payer à l’avance« . Déjà, il joue sur les mots, c’est juste paiement avant expédition. Avec les virements instantanés, la livraison des biens ou des services se fait 2/3 jours après le paiement, c’est plus la version moderne de payer « au cul du camion » que payer à l’avance. Or même le 19 janvier, avant le B- avant le CCC, on m’avait indiqué que tous les fournisseurs qui demandaient usuellemnt 30 jours étaient passés à réception de facture, et ceux qui demandaient 60 jours étaient passés à 8 jours.

Je rappelle que lors de son call du 19 janvier, Paul Saleh avait dit avoir eu S&P au téléphone et que sous 24 à 48h ils allaient dégrader la note. Donc le 19 janvier, il était TRÈS PRÉVISIBLE que le « à réception de facture » passerait à « avant l’expédition » et le « à 8 jours passerait à réception de facture ». Certes, le 19 janvier Paul Saleh ne savait pas que le CCC viendrait seulement 20 jours après, mais il savait que la note était B- était accompagnée d’une surveillance négative.

En gros, tout laisse à penser que Paul Saleh a voulu brainwasher ses clients partners et ses commerciaux pour les inciter à mentir de bonne foi aux clients, et que l’effet, a été un désenchantement terrible, avec perte de confiance de la force de vente et des clients, et donc perte de confiance envers Mustier et Saleh.

Et si Mustier a tapé du point sur la table, c’est soit pour faire jouer à Paul Saleh le rôle de fusible et il était complice, ou alors qu’il ne pensait pas que la situation était si dégradée et a été furieux que Saleh lui ai caché la situation.

La position de Paul Saleh devient donc intenable et on imagine mal qu’il puisse rester aux commandes encore 6 mois.

Il a déjà la réputation de travailler en solo dans sa tour d’ivoire du 7ème étage de Bezons dans le bureau de Thierry Breton, d’être très distant et condescendant avec ses collaborateurs. Et même si Kretinsky reprend l’affaire, le transfert des clefs sera dans le meilleur des cas début novembre. Il va donc falloir gérer la boite durant 6 mois.

Impossible de recruter quelqu’un de l’extérieur, Kretinsky mettra ses hommes, donc ça ne peut être qu’un DG intérimaire.

Depuis plusieurs semaines, Clay Van Doren qui avait été nommé DGA de TFCo et directeur de la croissance (là c’est pas l’idée du sièce qu’il a eu d’accepter ce titre avec une boite qui est en décroissance), a été nommé group Head of sales. Il a un MBA en finance et aurait le profit de DG intérimaire.

Carlo ? Tout le monde l’adore le Carlo, mais est-ce que tout le monde le respecte ? Ça c’est une autre question. Mais franchement, un DG avachi dans son canapé durant un call avec 150 managers, est-ce que c’est sérieux… ?

Et puis un couteau suisse, ça fait plein de choses, mais ça ne coupe pas aussi bien qu’un vrai couteau, ça ouvre pas aussi bien les bouteilles qu’un vrai tire-bouchon,…

Non, pour l’instant, je ne vois vraiment pas d’autres solutions que Clay Van Doren dont je rappelle le parcours. Il est arrivé chez Atos en 2016 CEO UK et Ireland.

 

C’est donc une nouvelle épine dans le pied de Mustier. Plus personne ne fait confiance à Paul Saleh, lui inclus (JP) et il va falloir faire tourner la boutique durant 6 mois avant l’arrivée du repreneur, et redonner confiance aux créanciers et aux clients. Seul point faible, il ne parle pas français.

Inconvénient à remplacer Paul Saleh, il connait l’aspect financier du dossier sur le bout des doigts.

Mais Jean-François De Prest le nouveau DAF semble très percutant et s’être approprié le dossier Atos.

Tenir 6 mois avec un DG qui n’a plus aucune crédibilité, c’est très très très long…  Pour le blog, le choix est fait, Paul est Le maillon faible. Il doit partir.

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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