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Le géant informatique de 94.000 personnes boucle l’étape critique nécessaire à son sauvetage par les créanciers. Ses banques ont donné leur aval jeudi à la dernière tranche d’argent frais attendue, selon nos informations.
Par Anne Drif
Atos espère voir fondre sa dette nette de 3,1 milliards d’euros sur 5,2 milliards retraités à fin 2023, selon ses calculs.
Reste d’ici ce week-end, pour les hedge funds, gérants d’actifs et banques à signer un accord final dit de « lock-up ». Classique dans ces sauvetages, il engagera les signataires à soutenir le plan toute la durée de la procédure, à savoir probablement jusqu’à la fin de l’année, voire début 2025 une fois les créanciers devenus actionnaires par conversion de dette, et une fois l’augmentation de capital de 233 millions réalisée.
Convaincre le tribunal
C’est une assurance tout risque pour Atos. Entre-temps, si certains créanciers veulent quitter le navire et vendre leur créance, ils devront la céder à d’autres signataires de l’accord. « Le timing de la sauvegarde est toujours maintenu au 24 juillet, à l’ouverture des Jeux Olympiques. Plus aucun doute là-dessus », affirme une partie prenante. « C’est une formalité technique à ce stade », assure-t-on aussi du côté des créanciers.
D’ici là, il faudra que le plan présenté démontre auprès du tribunal qu’il a le soutien d’un nombre « suffisant » d’entre eux pour déclencher la sauvegarde, puis de deux tiers des votants pour que celle-ci prenne effet. Une perspective qui semble assez probable désormais donc… le plan émanant pour l’essentiel des créanciers eux-mêmes, obligataires et banques.
Il faudra d’ailleurs aussi qu’il convainque le juge qu’il est soutenable pour Atos compte tenu de la dette réinjectée dans le groupe. Certains analystes de marché restent sceptiques.
Fin 2024 en tout cas, banquiers et hedge funds comptent prendre les commandes du géant informatique. Aucun individuellement ne dépassera le seuil des 10 % du capital, même le hedge fund DE Shaw en première ligne dans les discussions côté obligataire. Il n’est pas certain non plus que la BCE, premier créancier d’Atos, pèse lourd au capital. La Banque centrale européenne peut vendre sa créance ou se faire diluer si elle ne participe pas à l’augmentation de capital à venir.
Cessions d’actifs
Reste à savoir ce qui se passera sur la gouvernance, l’arrivée d’un nouvel état-major, et si un industriel providentiel se manifestera pour prendre 26 % du capital aux côtés des créanciers. Car sur le plan opérationnel, la barre reste très haute pour ramener le levier de dette à deux fois seulement l’Ebitda en 2026. « La porte est toujours ouverte à ceux qui soutiennent le plan de sauvetage des créanciers », dit une partie prenante. Le nom de Daniel Kretinsky revenait bien moins dans les conversations ces jours-ci.
En parallèle, les négociations avec l’Etat et ses partenaires industriels -Thales et Dassault sont cités- se poursuivent, affirme-t-on, malgré le choc des législatives et l’attente d’un nouveau gouvernement. « Nous allons mener le processus au bout comme convenu, indépendamment des discussions sur la formation du nouveau gouvernement, réagit-on à Bercy. Les crédits sont votés. La mesure est consensuelle et partagée par les partis qui sont pour la souveraineté française », ajoute-t-on au ministère des Finances.
L’offre resterait dans la zone basse de la fourchette annoncée, à savoir 700 millions d’euros au mieux pour les systèmes utiles à la dissuasion nucléaire, aux commandements des armées et aux services de renseignement d’Atos, selon des sources. « La bande passante a été pas mal occupée par le sauvetage financier. Les discussions vont pouvoir s’activer pour aboutir à une offre définitive », espère un proche du dossier.
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-sort-la-tete-de-leau-pile-pour-les-jo-2107408
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POSTFACE BLOG
Vous savez Anne, il suffit d’une petite vague imprévue pour remettre la tête sous l’eau. Décidément, avec Anne Drif, on est pas souvent sur la même longueur d’onde. Pour moi signer un plan pompier-pyromane, c’est plutôt entériner la faillite que le sauvetage.
Elle avait annoncé avec fracas la victoire de Layani qui se faisait finalement éjecter/retirer (on ne le saura jamais) quelques jours plus tards.
Il y a un dicton qui dit il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Or Anne Drif met pertinemment en avant 2 obstacles, la signature du lock-up qu’on aurait pu imaginer simultanée à la syndicalisation bancaire. Or elle semble attendu ce week-end seulement, ce qui veut dire que à ce jour Atos n’a toujours pas l’accord des 2/3 des créanciers.
On aurait pu imaginer que la syndicalisation de la New Money atteigne les 1650€ espérés par Atos, on serait selon Anne Drif à 1500M€. Sachant que je n’imagine aucun actionnaire souscrire à l’AK il manque déjà 150M€ + 63M€. Aussi je ne comprends pas le titre de cet article triomphaliste, la pire restructuration négociée d’une entreprise du SBF120, le plus gros bide d’Hélène Bourbouloux, preuve que ce personnage est totalement surfait, avec 4450M€ de dette au closing, soit 8% de moins seulement qu’au 31/12 et 600M€ de frais financiers par an. Il semblerait qu’Anne Drif ferme les yeux sur le cataclysmique de cette restructuration en échange de quelques exclus. C’est dommage, il y aurait matière à fort disserter sur d’éventuels conflits d’intérêts ou de corruption… pour une restructuration si défavorable à l’entreprise…
Enfin, tout en pointant l’importance de la validation du tribunal, Anne Drif ne va pas jusqu’au bout de son propos, à savoir imaginer les plans B, interroger des spécialistes si le Tribunal peut demander des amendements ou rejeter définitivement le projet.
Je rappelle qu’il n’existe pas de précédents dans toute l’histoire d’Euronext d’une restructuration qui conserve à quelques % près la même dette en la décalant simplement dans le temps.
En effet, dans tous les exemples cités pour les fonds vautours, Vallourec, CGG, Orpea, Casino, 100% de la New Money est apporté sous forme de capitaux propres, alors que dans le dossier Atos, 90% de la new money est apportée non seulement par de la nouvelle dette, mais à des taux 4 x supérieurs à l’ancienne dette, ce qui va impliquer au bout d’un an un refinancement. Atos sera donc une société en refinancement perpétuel.
De mon côté, quand je discute avec des spécialistes du dossier, ils ne voient désormais plus qu’une issue à ce dossier. Je n’approfondirai pas plus, on ne va pas tirer sur une ambulance.
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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.
Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.
Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validées par un juge.
Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 15 000€ minimum, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.