Il y a 8 jours, dans Les Echos Anne Drif nous a annoncé que ça y’est, c’était fini, Atos était sauvée, la conciliation entérinée, etc… et tout cela pile avant les JO.
En désaccord, le blog a lui émis les plus vives réserves, estimant que s’il y avait certes 50% de chances qu’un accord de dernière minute soit trouvé, il y avait aussi 50% de chances qu’on soit dans une impasse à l’issue du délai maxi de 4 mois qui expire le 26 juillet à 18H00.
À ce jour, la probabilité que la conciliation soit terminée avant les JO se rapproche de zéro et la probabilité qu’elle se conclue par un échec total, est désormais élevée.
RAPPEL :
Le but de la conciliation est de se mettre d’accord entre la société et les créanciers et d’arriver, In Fine à la rédaction d’un plan précis de sauvegarde accéléré, de le soumettre au juge et si ce plan est accepté, dans le jugement de délibéré, le juge immédiatement la sauvegarde accélérée pour mettre en œuvre ce qui a été décidé durant la conciliation et matérialisé par ce gros document d’environ 300 pages appelé donc « plan de sauvegarde accéléré ».
Donc en cas de succès, la fin de la conciliation coïncide avec l’ouverture de la sauvegarde accélérée.
Avant de rédiger le plan de sauvegarde accélérée, il faut signer un Lock-Up, à savoir un document sur lesquels les créanciers acceptent les conditions financières du plan, puisqu’ils « subventionnent » la restructuration en abandonnant une partie de leur dette, donc rien ne peut-être fait amiablement sans leur accord.
Une fois l’accord de Lock-Up signé, le mandataire, rédige le plan de sauvegarde, document conséquent de 200 à 300 pages, résumant la situation de l’entreprise à l’ouverture de la conciliation (le 26 mars), les problèmes qui ont donné lieu à l’ouverture de la conciliation, puis les mesures décidées.
Une à trois pages (moyenne donnée à titre informel) résume la situation de chaque créancier, et son abandon de dette et sa signature.
Le document appelé plan de sauvegarde accéléré précise les décisions prises, les étapes à venir, comporte la signature du mandataire, du président du board et du DG, puis est soumis au juge pour ratification, et dans le cas où les créanciers n’étaient pas tous d’accord, cette ratification par le tribunal va imposer l’accord à tous les créanciers, MAIS sous réserve qu’au moins 66.7% des créanciers l’aient signé.
Or l’accord de Lock-Up (verrouillage) est pour figer le fait que l’on a les 2/3 des créanciers qui sont d’accord et dans le cas d’Atos cet accord de Lock-Up était prévu pour le 8 juillet (avec malgré tout la possibilité, si accord amiable de différer cette date).
Sauf que le 8 juillet, Atos avait juste 50% de créanciers ayant signé le Lock-Up en incluant la BCE qui a toujours dit qu’elle suivrait « le vainqueur », à savoir 40% des créanciers hors BCE.
Donc Atos a d’abord transformé la date du 8 juillet dont ma capture d’écran est extraite (accord du 30 juin disponible sur le site Atos.net cliquez-ici pour télécharger), en « la semaine du 8 juillet », puis en l’absence de progrès sur les signatures des banques est devenue un peu plus formelle dans sa communication et a mis une date limite au 15 juillet.
Le 15 juillet Atos fait un point de marché en criant victoire et en disant qu’elle a syndiqué la new money, qui n’est qu’une petite partie de l’accord global, et expliqué qu’une majorité de créanciers l’avait signé, ce qui voulait dire 52 à 54% avec la BCE. Une mauvaise langue m’a dit pas plus tard qu’hier, « si ça se trouve c’est 50.4% » 🙂
On pouvait donc voir qu’au moment où l’on devait, selon le timing initial, à savoir le 15 juillet, démarrer la rédaction du plan de sauvegarde accéléré pour le soumettre au tribunal le 22 juillet, les banques faisaient de la résistance.
Et cela paraissait assez normal. Pour celles qui ne voulaient pas participer au refinancement, le remboursement de la dette dans le plan actuel est bien moindre que ce que remboursait, Kretinsky pourtant critiqué par les Fonds Vautours, critiques à postériori totalement propagandistes et fallacieuses afin que les obligataires facent un putsch, raté fort heureusement, sur Atos.
En effet c’est vraiment de l’enfumage et inférieur à la toute première offre Kretinsky. Pour ceux souhaitant quitter le dossier Atos le tarif des fonds vautours, renégocié sévèrement à la baisse après leur lettre d’intention, 17% conservé, remboursé sur 8 ans, sans sécurisation et à 5%. La même « mauvaise langue » cité auparavant m’avait dit « ils auraient fait 20% remboursable sur 4 ans à 6% ça serait passé, mais là c’est de la provocation ».
Bilan,
dans son point de marché du 15 Juillet Atos nous annonce un énième report de la date de signature du Lock-Up à lundi 22 à 18H00, donc hier (voir ci-dessus capture d’écran) accessible en intégralité ici .
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OR,
si le Lock-Up avait été signé hier à 18H00, par au moins 67% des créanciers, un feu d’artifice aurait dû être tiré à Bezons, JP&P nous auraient fait le V de la victoire, car ça voulait dire conciliation entérinée, et Atos sauvée pour le court/moyen terme !
Ou dans l’hypothèse ou JP soit à Saint-Trop pour sa régate annuelle (troisième en partant de la droite), il nous aurait au moins fait ça :
Mais là, c’est plutôt le silence de plomb.
Quelle conclusion doit-on en tirer ?
D’abord reprécisons le timing initial d’Atos auquel le blog a pu avoir par un document interne.
On est toujours à 53% des créanciers ? Les banques ont fait de la résistance et ont décidé de ne pas passer par la case Vaseline ?
Note : Le blog va enquêter durant toute la matinée et ce qui va suivre à ce stade est une simple supposition basée sur de la logique et qui n’est basé sur aucune information officielle ni même des rumeurs de marché.
Selon le blog, il y a donc une possibilité importante que la conciliation ait échoué, hormis énorme coup de théâtre et qu’Atos ait caché la réussite de l’accord de lock-up hier, ce qui serait une hérésie,
Une chose est sûre et certaine, que ce soit officiel ou non, la conciliation ne sera pas terminée avant les J.O. sauf miracle de dernière minute, et là, si Paul Saleh avait de l’honneur, il devrait remettre sa démission à effet immédiat et si Paul Mustier avait de l’honneur, il devrait l’accepter à effet immédiat.
Car voici ce qu’il disait vendredi à 14h aux 93 000 employés d’Atos.
« C’est fait, on est sauvé et pour le long run… »
C’est absolument incroyable qu’après avoir dit dans différents calls il y a 6 mois que l’accord avec Airbus était acquis, qu’il n’y avait pas besoin de plan B, qu’il y avait des liquidités jusqu’à la fin de l’année, qu’il annonce le succès d’un plan pour lesquel, il n’a pas le quorum requis.
En effet, Paul Saleh sait très bien qu’il lui fait 2/3 et pas la majorité. Et vu comme c’est compliqué à l’assemblée d’avoir déjà une majorité relative, alors une majorité des 2/3 je ne vous dis même pas…
Je vous cite ce que disait Paul Saleh le 1er juillet en réponse à un manager :
Question posée ce lundi 01/07/2024 par un manager prénommé Michael
Michael. :
…Thank you. I have 3, short questions.
The first, for the deal to go to the courts, what percentage of debt actually needs to sign up in the lock up period? Do we need a 100% or is it 100%?
Paul Saleh reply :
it’s 2 thirds.
Michael. :
2 thirds? Okay. And do we already have 2 thirds of commitments ?
Paul Saleh reply :
We have already over 50% of the commitments.
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Donc je crois que c’est très clair. La question dudit Michael était aussi très claire « a-t-on les 2/3? » Si Atos avait les 2/3, Paul Saleh aurait répondu « Yes we have the 2 thirds ». Là il répond « on a un peu plus que 50%. »
Il ne dit pas le mot un peu, mais « au dessus de 50% ». Cependant, cela coule de source, car s’ils avaient beaucoup plus que 50% il aurait dit « on n’a pas les 2 tiers, mais on est proche ». Donc si Paul avec sa facilité légendaire à travestir la vérité ne dit pas « on est pas loin des 2/3 », c’est qu’on est TRÈS LOIN des 2/3, à probablement 52% ou 53% à la date du call, qui date de 3 semaines.
Mais le problème c’est que le communiqué du 15 juillet dit exactement la même chose. « On a la majorité des créanciers qui ont signé le Lock-Up ». Donc c’est 52 ou 53% sinon le communiqué dirait une forte majorité, proche des 2/3 a signé le Lock-Up. Là il y a 8 jours, ils disent la majorité. Et tout le monde connait le talent de la dircom Atos.
D’ailleurs, et je viens d’y penser juste en démarrant la présente phrase, s’ils sont sémantiquement si timorés, là où généralement, ils sont si excessifs, c’est que peut-être qu’ils n’ont même pas la majorité… 😀
Toujours est-il que du côté de Jean-Charles NAOURI, c’était la communication d’orfèvre face à l’amateurisme de Paul Saleh. A l’approche de la fin de la conciliation, à deux reprises Casino communique sur le pourcentage des créanciers ayant signé l’accord, et de façon extrèment détaillée :
Puis, 3 jours après, nouveau délai et nouvelle mise à jour avec le % qui augmentent pour les récalcitrants.
Mais POURQUOI C’EST IMPOSSIBLE D’AVOIR DU TRAVAIL DE PRO CHEZ ATOS PUTAIN ! Comment redresser une boite avec des dirigeants bas de gamme !
Comment Atos va survivre durant 6 mois avec ces mêmes tocards si par une intervention divine c’était signé dans la nuit… de mardi à mercredi…
Et malgré que les 2/3 étaient atteints, ils ont continué jusqu’à la dernière minute pour s’approcher des 80% d’accord des créanciers.
Puis le 17 octobre, ayant constaté que les 2/3 étaient largement dépassés, ils ont nommé l’expert chargé de vérifier l’équité des termes, présénté 48h après la plan au juge, qui l’a validé le 25 octobre et ouvert la sauvegarde accéléré.
Chez Atos c’est l’OMERTA on ne sait rien de rien.
Quand bien même à l’heure où j’écris ces lignes, les 2/3 auraient été atteints, le silence d’Atos est injustifiable ! Et ils voudraient restaurer la confiance avec leurs clients…
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