Cession d’Atos à Kretinsky : les petits actionnaires remontés en appellent à l’AMF (CHALLENGES)

COPYRIGHTS CHALLENGES – EXCLUSIF – L’Union des Actionnaires d’Atos Constructifs a fait appel au pouvoir d’injonction de l’Autorité des Marchés Financiers pour obtenir des informations et des documents au sujet de la cession de Tech Foundations au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. L’Udaac avait déjà adressé un courrier de ce type au Conseil d’Administration d’Atos mais sans obtenir de réponse.

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L’Union des Actionnaires d’Atos Constructifs (Udaac), créée au mois d’août dernier et qui comprend une centaine de petits actionnaires d’Atos très remontés depuis la dernière assemblée générale du groupe au mois de juin et suite à l’annonce de la cession de Tech Foundations au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, a adressé ce 20 septembre un courrier au secrétaire général de l’AMF, Benoit Léonard de Juvigny, pour faire appel au pouvoir d’injonction de l’Autorité des marchés financiers sur le dossier Atos.

L’Udaac souhaite notamment obtenir des documents sur le deal en cours avec Daniel Kretinsky au sujet de Tech Foundations. L’association, présidée par Francis Unal, mais dont fait également partie Hervé Lecesne -le plus « important » petit actionnaire d’Atos- dénonce une situation « scandaleuse » compte tenu de « l’opacité autour de cette transaction » et demande d’avoir accès à l’accord précisant la transaction qui justifie l’ouverture de négociations exclusives, mais également au rapport de l’expert indépendant, au business plan de la société et aux projets d’accords de transition entre Tech Foundations et Eviden, les deux entités d’Atos depuis la scission des activités du groupe.

L’Udaac avait déjà adressé un courrier au conseil d’administration d’Atos, le 11 septembre, dernier, pour obtenir des informations sur de nombreux points portant sur la situation financière du groupe mais sans obtenir de réponse, d’où son recours à l’AMF pour ouvrir « une enquête du fait de la gravité des multiples manquements, par la Société et ses dirigeants, à ses obligations d’information financière ». Elle dénonce une « absence de communication sur les conditions de la vente de Tech Foundations ».

Des omissions dans la transmission d’informations de la part de la direction d’Atos

L’association a notamment appris auprès d’analystes financiers « que le projet de cession de Tech Foundations à EP Equity Investment (NDLR: le fonds de Daniel Kretinksy) pour 100 millions d’euros s’accompagnerait d’un transfert de trésorerie à Tech Foundations d’un milliard d’euros destinés à financer le BFR (NDLR: Besoin en fonds de roulement) de cette dernière, sans qu’aucune information n’ait jamais été donnée aux actionnaires à ce sujet et notamment pas le 7 juin lors de la présentation du plan de « Recentrage, Redressement et Rebond » de Tech Foundations. (Alors même que les négociations avec EP Equity Investment étaient déjà sans doute à un stade avancé) »

Une information confirmée par Bertrand Meunier dans sa récente interview à la Tribune mais qui jusque-là n’avait été nullement communiquée aux analystes. « Une omission spectaculaire, tant par sa grossièreté que ses conséquences pour le devenir du groupe et de ses actionnaires » affirme l’Udaac.

L’Udaac fait également mention d’une « rumeur de marché » qui suggère que « Atos pourrait envisager prochainement d’ouvrir une procédure de conciliation confidentielle avec ses créanciers et procéder à la cession de Tech Foundations dans ce cadre ».

Vers une procédure de conciliation confidentielle?

L’association cherche ainsi à obtenir des informations sur la véracité de cette procédure par crainte d’une instrumentalisation de la conciliation qui permettrait à Atos de maintenir toute opacité sur la transaction en cours, car la procédure de conciliation est confidentielle. Pour l’Udaac, il serait « parfaitement inacceptable que la procédure de conciliation soit manipulée dans le seul but d’éviter d’avoir à communiquer au marché sur les conditions de la cession de Tech Foundations ». Elle pourrait permettre une cession de Tech Foundation sans l’avis des actionnaires, même si une fois homologuée, la procédure est rendue publique.

D’ailleurs, dans son courrier adressé au conseil d’administration d’Atos, l’Udaac précise qu’il serait « intolérable que les actionnaires ne puissent voter en assemblée générale via une résolution contraignante sur l’opportunité de céder cette activité ». Dans son interview à La Tribune, Bertrand Meunier assurait que « toutes les informations seront mises à la disposition des actionnaires en amont de l’assemblée générale et précisées en particulier dans le cadre d’une journée investisseurs ». Mais sans donner de détails sur la date de l’assemblée générale.

C’est que lors de cette AG, le président du conseil d’administration d’Atos pourrait avoir l’intention de demander le vote d’une augmentation de capital pour garantir la survie d’Atos. Une augmentation de capital qui aurait peu de chances d’être validée par les petits porteurs qui eux ont, plutôt, l’intention de réclamer la tête de celui qui est à l’origine de la scission d’Atos en deux entités distinctes et de la cession de Tech Foundations à Daniel Kretinsky.

Reste à savoir si le gendarme des marchés financiers, souvent suspecté de consanguinité avec les milieux de la finance, saura se montrer exigeant dans ses demandes d’information à Atos compte tenu aussi des enjeux de souveraineté qui ont déjà donné au dossier une tournure politique.

https://www.challenges.fr/high-tech/cession-datos-a-kretinsky-les-petits-actionnaires-remontes-en-appellent-a-lamf_868005

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