COPYRIGHTS LE FIGARO –
Le groupe technologique entre en négociations exclusives avec l’État sur ces actifs stratégiques qui servent notamment pour la dissuasion nucléaire du pays. Atos pourrait récupérer jusqu’à 625 millions d’euros.
D’un point de vue purement comptable, difficile de dire le contraire. Au mois d’avril, Bercy avait manifesté son intérêt sur un périmètre plus large d’activités jugées «sensibles», à savoir en plus d’Advanced Computing, l’entité Mission Critical Systems (MCS) – des systèmes de commandement et outils de navigation pour les forces armées notamment – et des activités dans la cybersécurité. Elle en proposait jusqu’à 700 millions d’euros. La nouvelle offre, qui pourrait atteindre 625 millions d’euros uniquement pour le pôle des supercalculateurs, valorise mieux cette entité. Avec la vente de MCS et la cybersécurité, qui feront l’objet de processus d’enchères séparées, Atos peut donc espérer un chèque plus important pour l’ensemble du périmètre. Ce qui satisfera sans doute les créanciers, nouveaux propriétaires de l’entreprise. Des acheteurs potentiels se sont déjà signalés pour MCS et les activités cyber. Le nom de Thales, comme celui de ChapsVision, revient régulièrement dans la bouche des connaisseurs du dossier.
Une locomotive pour l’innovation
Du côté de Bercy, on rappelle que le choix de restreindre le périmètre de rachat aux seuls supercalculateurs s’explique par le caractère ultrasensible de cette activité. «On voit bien que le supercalculateur sera une locomotive pour l’innovation demain », souligne-t-on dans l’entourage du ministre de l’Économie, Antoine Armand. À condition de lui permettre de regagner en compétitivité. Il y a quelques semaines, le ministère des Armées a retenu un tandem composé d’Orange et du groupe américain HPE pour la construction et l’exploitation d’un supercalculateur d’IA, au détriment d’Atos. L’offre de ce dernier avait été considérée comme «anormalement faible» par le ministre Sébastien Lecornu, qui se disait prêt à accompagner l’entreprise pour qu’elle soit au niveau.
Bercy rappelle par ailleurs que les « autres activités souveraines du groupe Atos (MCS et la cybersécurité, NDLR) font d’ores et déjà l’objet d’une protection adéquate par l’intermédiaire de la convention et de l’action de préférence dont bénéficie l’État». Cette action de Bull SA, acquise début novembre, permet à l’État de peser sur les informations et décisions que peut prendre la société, voire d’utiliser son droit de veto. Le ministère de l’Économie aura un droit de regard sur les acquéreurs potentiels des activités MCS et de la cybersécurité.
Nouvelle doctrine pour les participations de l’État
Cette opération, qui succède à la montée de l’État au capital d’Alcatel Submarine Networks annoncée début novembre, s’inscrit dans la nouvelle doctrine qu’Antoine Armand veut impulser. Partisan de l’État stratège, il revendique des prises de participations ciblées dans les sociétés critiques d’un point de vue de la souveraineté et sur des technologies de rupture. Une vision à rebours de celle d’un Gérald Darmanin par exemple, qui a déposé mi-octobre un amendement avec d’autres députés encourageant l’État à céder ses «bijoux de famille« à des fins budgétaire. Dans le cas d’Atos, le cabinet du ministre n’est cependant pas en mesure pour le moment de confirmer si c’est l’APE elle-même qui gérera l’activité de supercalculateurs ou si Bercy s’appuiera sur un partenaire industriel.
Atos, pour sa part, a accordé une exclusivité à l’État jusqu’au 31 mai 2025. S’il se laisse un mois pour évaluer correctement la valeur du périmètre qui intéresse l’État, le groupe espère sans doute achever l’opération dans un délai plus court qu’au printemps prochain. Un premier versement de 150 millions d’euros sera décaissé par l’État dès la signature de l’accord. S’agissant de la cession de MCS et du pôle cybersécurité, qui représentaient à eux deux un chiffre d’affaires de 340 millions d’euros en 2023, les enchères sont désormais ouvertes. Dans l’entourage du groupe informatique, on rappelle que cette opération est sans effet sur le calendrier de la restructuration financière. Ce plan doit être achevé au début du mois de janvier 2025 et aboutira à la réduction de la dette de 5 à 3,4 milliards d’euros.
https://www.lefigaro.fr/societes/atos-en-negociations-exclusives-avec-l-etat-pour-ses-activites-advanced-computing-20241125
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