Les supercalculateurs d’Atos vont basculer dans le giron de l’État [LE FIGARO]

COPYRIGHTS LE FIGARO –

Le groupe technologique entre en négociations exclusives avec l’État sur ces actifs stratégiques qui servent notamment pour la dissuasion nucléaire du pays. Atos pourrait récupérer jusqu’à 625 millions d’euros.

.
Le démantèlement d’Atos s’accélère. Après la cession des activités Worldgrid au groupe Alten entérinée au début du mois, le groupe technologique a annoncé lundi être entré en négociations exclusives avec l’État pour lui céder ses activités dans les supercalculateurs («Advanced Computing»), utilisés notamment pour la dissuasion nucléaire. Une offre a été déposée dimanche soir par l’Agence des participations de l’État (APE), qui valorise cette activité entre 500 millions [Ndrl-blog : il s’agit de sommes brutes en valeur d’entreprise et donc de net dans la poche d’Atos] et jusqu’à 625 millions d’euros en incluant des compléments de prix. L’entité, et son usine à Angers, emploie 2500 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 570 millions d’euros. Dans l’entourage d’Atos, on se félicite d’une opération « positive sur le plan des liquidités pour le groupe»«Le profil de risque diminue», martèle un proche de l’entreprise de Bezons, en pleine restructuration financière pour réduire son endettement de 5 milliards d’euros[Ndlr-blog: au final, y’aura peut-être 100M€ de plus que les 700M€ initiaux, avec un potentiel redressement fiscal en cours pour le CIR reçu par bull et 200M€ d’amende Syntel, donc le risque est strictement inchangé marltèle-t-on du côté du blog Atos, c’est le plan entier qu’il faut changer!!]

D’un point de vue purement comptable, difficile de dire le contraire. Au mois d’avril, Bercy avait manifesté son intérêt sur un périmètre plus large d’activités jugées «sensibles», à savoir en plus d’Advanced Computing, l’entité Mission Critical Systems (MCS) – des systèmes de commandement et outils de navigation pour les forces armées notamment – et des activités dans la cybersécurité. Elle en proposait jusqu’à 700 millions d’euros. La nouvelle offre, qui pourrait atteindre 625 millions d’euros uniquement pour le pôle des supercalculateurs, valorise mieux cette entité. Avec la vente de MCS et la cybersécurité, qui feront l’objet de processus d’enchères séparées, Atos peut donc espérer un chèque plus important pour l’ensemble du périmètre. Ce qui satisfera sans doute les créanciers, nouveaux propriétaires de l’entreprise. Des acheteurs potentiels se sont déjà signalés pour MCS et les activités cyber. Le nom de Thales, comme celui de ChapsVision, revient régulièrement dans la bouche des connaisseurs du dossier.

Une locomotive pour l’innovation

Du côté de Bercy, on rappelle que le choix de restreindre le périmètre de rachat aux seuls supercalculateurs s’explique par le caractère ultrasensible de cette activité. «On voit bien que le supercalculateur sera une locomotive pour l’innovation demain », souligne-t-on dans l’entourage du ministre de l’Économie, Antoine Armand. À condition de lui permettre de regagner en compétitivité. Il y a quelques semaines, le ministère des Armées a retenu un tandem composé d’Orange et du groupe américain HPE pour la construction et l’exploitation d’un supercalculateur d’IA, au détriment d’Atos. L’offre de ce dernier avait été considérée comme «anormalement faible» par le ministre Sébastien Lecornu, qui se disait prêt à accompagner l’entreprise pour qu’elle soit au niveau.

Bercy rappelle par ailleurs que les « autres activités souveraines du groupe Atos (MCS et la cybersécurité, NDLR) font d’ores et déjà l’objet d’une protection adéquate par l’intermédiaire de la convention et de l’action de préférence dont bénéficie l’État». Cette action de Bull SA, acquise début novembre, permet à l’État de peser sur les informations et décisions que peut prendre la société, voire d’utiliser son droit de veto. Le ministère de l’Économie aura un droit de regard sur les acquéreurs potentiels des activités MCS et de la cybersécurité.

Nouvelle doctrine pour les participations de l’État

Cette opération, qui succède à la montée de l’État au capital d’Alcatel Submarine Networks annoncée début novembre, s’inscrit dans la nouvelle doctrine qu’Antoine Armand veut impulser. Partisan de l’État stratège, il revendique des prises de participations ciblées dans les sociétés critiques d’un point de vue de la souveraineté et sur des technologies de rupture. Une vision à rebours de celle d’un Gérald Darmanin par exemple, qui a déposé mi-octobre un amendement avec d’autres députés encourageant l’État à céder ses «bijoux de famille« à des fins budgétaire. Dans le cas d’Atos, le cabinet du ministre n’est cependant pas en mesure pour le moment de confirmer si c’est l’APE elle-même qui gérera l’activité de supercalculateurs ou si Bercy s’appuiera sur un partenaire industriel.

Atos, pour sa part, a accordé une exclusivité à l’État jusqu’au 31 mai 2025. S’il se laisse un mois pour évaluer correctement la valeur du périmètre qui intéresse l’État, le groupe espère sans doute achever l’opération dans un délai plus court qu’au printemps prochain. Un premier versement de 150 millions d’euros sera décaissé par l’État dès la signature de l’accord. S’agissant de la cession de MCS et du pôle cybersécurité, qui représentaient à eux deux un chiffre d’affaires de 340 millions d’euros en 2023, les enchères sont désormais ouvertes. Dans l’entourage du groupe informatique, on rappelle que cette opération est sans effet sur le calendrier de la restructuration financière. Ce plan doit être achevé au début du mois de janvier 2025 et aboutira à la réduction de la dette de 5 à 3,4 milliards d’euros.

https://www.lefigaro.fr/societes/atos-en-negociations-exclusives-avec-l-etat-pour-ses-activites-advanced-computing-20241125

=====

Restez automatiquement averti à chaque nouvel article du blog, au rythme maximal de 3 fois par semaine. Inscrivez-vous à notre NEWSLETTER. Cliquez ici. Vous pourrez vous désinscrire à tout moment. Nous utilisons un pluggin officiel WordPress agréé CNIL.

Pensez à inscrire notre domaine bourse.blog en liste blanche, nous avons certains emails qui reviennent non-délivrés, bloqués par les anti-spam.

=====

Si vous avez subi des pertes en tant qu’actionnaire ou ancien actionnaire d’Atos, ou en tant que porteur d’options donnant droit à des actions, sachez qu’une action en réparation est en cours de préparation. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires). Notre association tente, pour la première fois, de lancer une action groupée financée par des fonds spécialisés dans le financement de contentieux. Il s’agit d’une première en France dans un dossier où des manquements à la réglementation boursière et comptable sont suspectés. Et il s’agit aussi d’une chance pour les plaignants puisque cette action est sans aucune avance de fonds, ni aucun engagement financier, hormis en cas de victoire.

La France connaît un précédent significatif de financement de contentieux par des fonds spécialisés. Ce précédent fait suite au gel des avoirs du fonds H20, consécutif à une violation de la réglementation applicable aux gestionnaires de fonds d’actifs. Bien que ce précédent soit quelque peu différent du nôtre, les discussions avec les fonds initiées dès février avancent car il y a de l’intérêt pour pénétrer un nouveau marché en France. Ces discussions sont donc longues en raison de l’absence de précédents, mais elles progressent.

En résumé, que vous soyez actionnaire ou porteur d’options donnant droit à des actions, vous pouvez espérer recouvrer une partie de vos pertes et vous joindre à la cause sans qu’aucun versement de votre part ne soit nécessaire. La réussite de l’action dépendra du nombre de « pertes éligibles » que nous pourrons rassembler. Le caractère éligible ou non des pertes dépend de l’issue des investigations sur les comptes du groupe ces dernières années. Si vous n’êtes pas encore préinscrit sur le site de l’UPRA, il est encore temps de le faire. Un site web sera entièrement dédié à l’action, on espère courant automne.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€ minimum, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… qui vont se monter en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds de litige. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

www.upra.fr