L’État s’allie à Thales pour racheter les activités stratégiques d’Atos [MARIANNE]

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Selon nos informations, c’est donc le groupe Thales, dirigé par Patrice Caine qui remporte le morceau, là où Airbus s’est cassé les dents – candidats à deux reprises, d’abord en février 2023 puis en mars 2024. Pour Thales, cette opération se fait au prix d’un changement de cap – sollicité par Marianne, le groupe ne souhaite pas commenter.

Après des mois d’errance et d’incertitudes, les activités stratégiques du groupe Atos – englobant notamment les supercalculateurs (essentiels à la simulation d’essais nucléaires ou à la gestion du parc des centrales nucléaires d’EDF), les contrats avec l’armée française et les produits de cybersécurité – sont sur le point d’être reprises par l’État… et le groupe Thales. La fin d’un long suspens quant au devenir de ces activités éminemment sensibles pour la souveraineté du pays et qui devraient ainsi rester dans le giron tricolore.

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Rapprochement

Début 2024, le groupe de Patrice Caine n’était officiellement « pas intéressé par l’acquisition d’Atos, ni par son secteur Big Data Security (BDS, NDLR) dans sa globalité », mais disait néanmoins « regarder toutes les opportunités en ligne avec sa stratégie d’acquisition », sans « s’interdire de considérer certaines sous-activités de BDS, en cas de mise en vente ». Pour l’heure, les raisons de ce retournement et les détails du deal avec Thales, dont l’État détient 26 % du capital, n’ont pas été dévoilés. Sollicité, Thales ne souhaite pas commenter.

Ce rapprochement parachève l’annonce, en juin dernier, par Bercy de sa volonté de sauver cette pépite. Dans une lettre adressée à Atos, le ministre de l’Économie et des finances, Bruno Le Maire proposait de poser 700 millions d’euros sur la table pour récupérer ces activités sensibles afin d’éviter qu’elles ne tombent entre les mains d’acteurs étrangers.

Un argument de poids

Le risque était réel. Acteur majeur de la dissuasion nucléaire française, ce groupe de service informatique français, créé en 1997 et longtemps dirigé par l’ancien commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton, qui a grandement contribué à sa débâcle, ne cesse de péricliter. Dernier épisode en date : le Comité International Olympique, dont il est le partenaire informatique depuis 2002, a mis fin à leur compagnonnage à l’issue des JO de Paris – privilégiant l’américain Deloitte. À date, la valeur de l’action culmine à…. 0,68 centime d’euros (100 fois moins qu’en décembre 2020).

La messe était dite depuis l’été dernier. Après deux ans de turbulences, les nombreux plans présentés d’abord par Daniel Kretinsky (actionnaire de Marianne, via CMI), puis celui de l’homme d’affaires David Layani ont fait long feu. Ce sont finalement les créanciers qui ont imposé leurs vues. Avec un argument de poids, la dette du géant tricolore, un total de 5 milliards d’euros, qu’ils ont entre leurs mains.

Les choses vont désormais s’accélérer. Ce vendredi 27 septembre actera pour les actionnaires d’Atos leur perte définitive des commandes du géant tricolore, et le point de départ de la dernière étape aboutissant à la prise de contrôle d’Atos par les créanciers. Selon nos informations, le « closing » de l’opération, c’est-à-dire le moment effectif du « transfert de propriété », est fixé au début de l’année 2025. Ce closing est sans influence sur le rachat des activités sensibles par Thales et l’État, le timing des deux opérations étant désormais, selon nos informations, indépendants l’un de l’autre.

Le « New Atos », dans le langage des banquiers, n’est pas pour autant sorti d’affaires. Concoctée par les créanciers, l’architecture leur fait la part belle. S’ils abandonnent 2,8 milliards de dettes pour mettre la main sur le bébé, ce « New Atos » n’en sortira pas pour autant de la zone de surendettement. Témoin de la prise de risques, ou du pouvoir de négociations sans limite des créanciers ? Quoi qu’il en soit, le plan prévoit que les nouveaux maîtres d’Atos apportent un méga financement de 1,5 milliard d’euros via des prêts rémunérés en haut de la fourchette, entre 10 % et 13 %. Résultat, New Atos, comme l’ancien Atos, devra consacrer une large part de son cash au remboursement de sa dette…

* Sollicité par nos soins, Atos n’a, pour l’heure, pas pu être joint.

Emmanuel Lévy
Vanessa Ratignier
https://www.marianne.net/economie/letat-s-allie-a-thales-pour-racheter-les-activites-strategiques-datos

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Si vous avez subi des pertes en tant qu’actionnaire ou ancien actionnaire d’Atos, ou en tant que porteur d’options donnant droit à des actions, sachez qu’une action en réparation est en cours de préparation. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires). Notre association tente, pour la première fois, de lancer une action groupée financée par des fonds spécialisés dans le financement de contentieux. Il s’agit d’une première en France dans un dossier où des manquements à la réglementation boursière et comptable sont suspectés. Et il s’agit aussi d’une chance pour les plaignants puisque cette action est sans aucune avance de fonds, ni aucun engagement financier, hormis en cas de victoire.

La France connaît un précédent significatif de financement de contentieux par des fonds spécialisés. Ce précédent fait suite au gel des avoirs du fonds H20, consécutif à une violation de la réglementation applicable aux gestionnaires de fonds d’actifs. Bien que ce précédent soit quelque peu différent du nôtre, les discussions avec les fonds initiées dès février avancent car il y a de l’intérêt pour pénétrer un nouveau marché en France. Ces discussions sont donc longues en raison de l’absence de précédents, mais elles progressent.

En résumé, que vous soyez actionnaire ou porteur d’options donnant droit à des actions, vous pouvez espérer recouvrer une partie de vos pertes et vous joindre à la cause sans qu’aucun versement de votre part ne soit nécessaire. La réussite de l’action dépendra du nombre de « pertes éligibles » que nous pourrons rassembler. Le caractère éligible ou non des pertes dépend de l’issue des investigations sur les comptes du groupe ces dernières années. Si vous n’êtes pas encore préinscrit sur le site de l’UPRA, il est encore temps de le faire. Un site web sera entièrement dédié à l’action, on espère courant automne.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€ minimum, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… qui vont se monter en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds de litige. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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