Il nous apparaissait important de vous présenter celle qui fait va désormais faire la pluie et le beau temps chez Atos, celle dont nous sommes désolé d’écorcher le nom depuis 15 jours avec ses inusuels « ou » à répétition. 🙂
Un récent article des Echos avait dressé un portrait d’Hélène Bourbouloux à l’occasion de la sauvegarde d’Orpéa. Il reste totalement d’actualité.
Hélène Bourbouloux, la star des administrateurs judiciaires au chevet d’Orpea.
Cette administratrice judiciaire haute en couleurs, à la tête du cabinet FHB, est une habituée de la restructuration de dettes des dossiers sensibles. EuropaCorp, Solocal, Geoxia sont passés entre ses mains. « Mon métier, c’est de prendre la moins mauvaise des solutions pour sauver l’entreprise », dit-elle.
Le constat d’impasse, tard dans la nuit du 18 janvier, des négociations avec les créanciers du leader des maisons de retraite prouve une fois de plus combien la mission est délicate.
Son quotidien : trouver avec ceux qu’elle met autour de la table à la demande du tribunal de commerce – Etat, créanciers, actionnaires, banquiers, syndicats, fournisseurs – la « moins pire des solutions » pour éviter la faillite.
Les noms des plus gros dossiers s’égrènent dans son cabinet : Solocal, EuropaCorp , FagorBrandt, Vallourec, Petroplus, Rallye Casino, Novares… et aussi des milliers de PME moins connues. Et en ce moment, la crise de l’énergie précipite à sa porte des dirigeants paniqués par des marges qui s’effondrent.
« Les pressions sont fortes »
Mais sur Orpea, pour lequel les négociations avec les créanciers se multiplient, motus. Le gestionnaire de maisons de retraite est en procédure de conciliation depuis fin octobre (après une première conciliation au printemps).
« Les pressions sont très fortes sur ce dossier, il y a beaucoup d’argent en jeu, je suis au point de jonction de ces pressions contradictoires, c’est mon boulot », concède-t-elle du bout des lèvres.
Au 6e étage d’une tour de la Défense, un bric-à-brac incroyable lui tient de bureau. C’est ici, au siège de son cabinet FHB, que s’est jouée la survie de quelque 2.000 entreprises, au milieu des objets qui lui tiennent à coeur .
Le décalage et la fantaisie ne sont jamais loin chez cette femme : un énorme ours en peluche dans un coin, l’encart « Allée des Pompes » en référence au dossier Vivarte, et des orchidées roses à foison. « La nature, j’en ai besoin pour me ressourcer », dit celle qui a sorti de l’ombre ce métier méconnu de l’administrateur judiciaire, maniant aussi bien les chiffres que le droit (complexe) des procédures collectives.
Geoxia, l’échec
« C’est la meilleure », lance d’emblée Patrick Puy, redresseur d’entreprise qui a travaillé avec elle sur Alès, Vivarte, Spir ou Alteo, et qui a plongé sans filet dans le dossier Go Sport . « Elle a une intelligence à 360°, elle voit l’impact financier mais aussi social d’une affaire, et elle prend des risques. »
Difficile de trouver des témoignages discordants sur ses compétences. Même les syndicats semblent l’épargner, elle qui, pourtant, apporte souvent la mauvaise nouvelle d’une coupe dans les effectifs ou de l’arrêt d’une activité. Paradoxalement, dans ses meilleurs souvenirs, elle garde celui de la Fonderie du Poitou, défendu en 2012, mais à l’issue tragique puisque liquidée cet été .
Dans les pires, il y a Geoxia (Maisons Phénix), placé lui aussi en liquidation judiciaire cet été laissant sur le carreau des milliers de petits acquéreurs. « C’est mon plus gros échec professionnel en vingt ans, lâche-t-elle, encore amère. Une de ces belles entreprises, qui, n’ayant pas obtenu de Prêt garanti par l’Etat (PGE) pendant le Covid, n’a pas pu surmonter la crise, aucune banque n’ayant voulu la financer par la suite », raconte-t-elle.
HEC au féminin
Celle qui a été nommée chevalier de la Légion d’honneur en janvier 2020 peut aussi susciter l’agacement de ses confrères. « Que ce soit dans les pools bancaires, auprès de tel ou tel ministre, elle ne lâche jamais le morceau, et elle le fait avec brio », la défend Christophe Basse, ex-président du Conseil national des administrateurs judiciaires.
Aujourd’hui, Hélène Bourbouloux est à la tête d’un des cabinets les plus en vue de France. FHB, fondé en 2007, compte 11 associés, 60 collaborateurs dans 16 bureaux.
Dans une profession où exercent une grande majorité d’hommes – il n’y a qu’une quinzaine de femmes sur les 150 administrateurs judiciaires dans l’Hexagone -, elle confie qu’« être une femme est souvent un atout dans la négociation ».
« Hélène et les garçons »
Pour « faire bouger les lignes » pour l’égalité professionnelle, elle a accepté, il y a un an, la présidence du club HEC au féminin, dont elle est diplômée. Pas vraiment une surprise pour Thierry Grimaux, associé chez Valtus , ex-HEC lui aussi, qui l’a vue à l’époque prendre la tête du Bureau des élèves (BDE), sous la liste baptisée « Hélène et les garçons », avant d’être élue déléguée de sa promotion.
« Ce charisme, elle l’avait déjà étudiante, et déjà elle cassait les codes », se souvient cet homme du Sud-Ouest, qui partage avec elle, en pure native de Brive, l’amour du rugby.
Marion Kindermans
https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/helene-bourbouloux-la-star-des-administrateurs-judiciaires-au-chevet-dorpea-1898934
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Atos : le mandat ad hoc, l’arme pour accélérer les discussions
Le groupe informatique demande la désignation d’un mandataire ad hoc. Une façon de mettre la pression sur les banques et accélérer les discussions.
Par Marina Alcaraz
Nouveau rebondissement dans le feuilleton Atos avec la désignation d’un mandataire ad hoc. Cette tierce partie va jouer le rôle de facilitateur, de médiateur entre la société en difficulté et les banques.
Cette nouvelle étape ne signifie aucunement que l’ex-fleuron français est entré dans une procédure collective (sauvegarde, redressement, liquidation), mais plutôt qu’elle a besoin de temps et de soutien pour trouver une solution. L’enjeu est énorme : la société cotée doit faire face à un mur de dettes relativement rapidement avec 1,5 milliard d’euros de dette (« term loan ») arrivant à échéance début 2025 sous réserve de deux extensions, ainsi que 1,25 milliard d’euros en emprunts obligataires, arrivant à échéance fin 2024 et mi-2025. Au total, si l’on considère les différents prêts, facilités de crédit et obligations jusqu’en 2029, il s’agit de 4,8 milliards.
Une certaine pression sur les créanciers
Le groupe informatique a entamé des discussions depuis quelques semaines avec ses banques en vue de parvenir à un plan de refinancement de sa dette financière, mais n’est pas parvenu à un accord à ce stade. Atos doit négocier un syndicat de 22 banques. « L’appel à un mandataire ad hoc est une façon de rechercher une solution consensuelle mais aussi une façon de mettre une certaine pression sur les créanciers en leur disant : l’alternative est une procédure collective dans laquelle les solutions s’imposeront aux créanciers », explique Pierre-Alain Bouhénic, spécialiste des restructurations chez Moncey Avocats.
Dans la pratique de marché, les banques consentent souvent un « standstill » (suspendre les paiements sans provoquer l’exigibilité du crédit), le temps de la négociation, selon le spécialiste. Mais Atos peut sans doute vouloir faire davantage : renégocier la dette, soit en étendant la maturité (donc le délai pour rembourser), soit en consentant un abandon d’une partie des dettes – il n’a pas précisé les objectifs précis. Quoi qu’il en soit, du temps permettrait à Atos de réaliser les cessions qu’il envisage et ainsi de faire entrer du cash dans ses caisses. « Si l’on se place du côté des banquiers, on peut comprendre une certaine réticence, compte tenu de la faible visibilité sur le business d’Atos dans un futur assez proche », commente un analyste.
Abandons de créances
Ce type de médiation est relativement courant pour les sociétés en difficulté qui tentent d’éviter au maximum la sauvegarde ou liquidation, des procédures qui peuvent entraîner une fuite des clients et des fournisseurs, et ainsi précipiter le déclin de l’entreprise. Ce fut par exemple le cas de Conforama (dont la révélation par le magazine « Challenges » avait d’ailleurs entraîné des poursuites à son encontre), de Rallye (holding de Casino), de Royal Monceau… Souvent, pour des sociétés non cotées, les mandats sont confidentiels.
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Toute la question est désormais de savoir si le groupe informatique va trouver un terrain d’entente avec les banquiers, avec l’aide de son mandataire. Ou s’il faudra aller plus loin… « S’il y a procédure collective, le tribunal pourra imposer un étalement de la dette jusqu’à un maximum de dix ans et plus probablement des abandons de créances », reprend Pierre-Alain Bouhénic. Ce à quoi ni les créanciers, ni la société – qui a besoin d’avoir le soutien des banques – n’ont vraiment intérêt…
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-le-mandat-ad-hoc-larme-pour-accelerer-les-discussions-2074161
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