Scission d’Atos : pourquoi son rachat par Airbus agace les actionnaires et l’Etat (CHALLENGES)

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L’avenir d’Atos va se jouer dans les prochains jours. Le 6 janvier, Guillaume Faury, le président exécutif d’Airbus, a confirmé sur BFM Business que son groupe était intéressé par les activités de cybersécurité de l’entreprise de services numériques (ESN) en grande difficulté. Le groupe d’aéronautique franco-allemand est entré en « discussion préliminaire » pour prendre jusqu’à 29,99% du capital d’Evidian, qui regroupe ses activités cyber et big data. Et le management d’Atos « essaie d’obtenir une offre de principe avant mi-janvier », assure un bon connaisseur de l’entreprise. Selon plusieurs sources, Airbus aurait mandaté EY et Alvarez & Marsal pour préparer la due diligence (audit d’acquisition) avant la fin du mois.

Côté Atos, on affirme qu’il n’y a « ni urgence, ni agenda fixé » pour l’entrée d’un actionnaire dans Evidian. Et que ces discussions s’inscrivent dans le plan annoncé en juin dernier, prévoyant la scission en deux du groupe de 115.000 salariés: d’un côté les business en forte croissance d’Evidian – qui doit être coté en Bourse au deuxième semestre -, de l’autre le pôle Tech Foundations, regroupant les activités d’infogérance et de data centers. « Les équipes d’Atos sont focalisées sur le redressement opérationnel, qui se réalise plus vite que prévu, et tout ce brouhaha ne leur facilite pas la tâche, tranche Diane Galbe, directrice générale du groupe. Nous discutons avec des acteurs qui souhaitent s’impliquer dans le cadre de son plan, et il y en a plusieurs. » Pour l’heure, comme le souligne un proche du dossier, « Airbus a montré le plus d’appétence à discuter ».

Selon les informations de Challenges, la direction de l’entreprise a organisé une réunion de crise le 13 janvier après la publication d’un article de la Lettre A qui expliquait que le groupe perd de l’argent sur ses plus gros contrats d’infogérance (CEA, BNP, EDF…). Atos doit publier ses résultats le 28 février mais toujours selon de mêmes sources la direction a saisi toutes les solutions possibles afin de publier « des chiffres présentables », notamment en différant des paiements ou en anticipant des revenus potentiels. Des proches du dossiers parlent de « tripatouillages ». Une source interne affirme que le directeur général du Transaction Advisory Group du cabinet d’audit Alvarez & Marsal, Jonathan Gibbons, a refusé de signer les comptes d’Atos. M. Gibbons n’a pas donné suite aux demandes de Challenges.

Stupeur et irritation du côté des actionnaires minoritaires

Mais l’entrée en piste de l’avionneur soulève stupeur et irritation, notamment parmi les actionnaires minoritaires. « Le processus pour faire entrer un nouvel actionnaire doit être ouvert et toutes les offres doivent être étudiées par le conseil d’administration », expose Cyril Charlot, associé fondateur de la société de gestion Sycomore AM. Il a adressé un courriel en ce sens à plusieurs administrateurs d’Atos la semaine dernière, notamment l’ex-Premier ministre Edouard Philippe et l’ancien dirigeant de Morgan Stanley René Proglio.

D’autres offres ont été formulées ces derniers mois. En septembre, celle de David Layani, fondateur de Onepoint, rival d’Atos, qui valorisait l’ESN à 4,2 milliards d’euros, a été snobée par le président du conseil d’administration, Bertrand Meunier. Au même moment, ce dernier avait reçu Patrice Caine, le PDG de Thales, pour lui signifier qu’il était hors de question que le groupe de défense mette la main sur les activités cyber d’Atos. Mais la double nationalité franco-allemande d’Airbus pose problème au gouvernement français, très attentif à préserver les branches stratégiques, et sensibles, de l’entreprise.

La stratégie de Bertrand Meunier laisse les observateurs perplexes. « Cette scission est mortifère, estime un bon connaisseur du dossier. Je doute qu’elle puisse se faire comme prévu avant l’été, car ils ne sont toujours pas allés voir les clients pour renégocier les contrats. » Un banquier d’affaires s’interroge lui aussi sur la viabilité de l’opération: « Ils envisagent la scission d’une boîte sous-capitalisée… C’est une opération de chirurgie esthétique alors qu’il faudrait un massage cardiaque. » La longue agonie d’Atos se poursuit.

https://www.challenges.fr/entreprise/scission-datos-pourquoi-son-rachat-par-airbus-agace-les-actionnaires-et-letat_841812

 

2 Comments on "Scission d’Atos : pourquoi son rachat par Airbus agace les actionnaires et l’Etat (CHALLENGES)"

  1. Mtbster | 29/01/2023 at 18:52 |

    Bonsoir à tous,
    Aurait-on cet article de la Lettre A dont on parle ici ?
    « Selon les informations de Challenges, la direction de l’entreprise a organisé une réunion de crise le 13 janvier après la publication d’un article de la Lettre A qui expliquait que le groupe perd de l’argent sur ses plus gros contrats d’infogérance (CEA, BNP, EDF…). »
    Merci à vous pour ce super travail!

    • Map_Blog | 29/01/2023 at 19:58 |

      Oui, j’en ai mis des extraits sur le forum, tout est faux. Tapes Lettre A dans le moteur de recherche du forum

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