Après la sauvegarde financière, Atos entame un nouveau parcours du combattant [LE FIGARO]

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Les créanciers et les actionnaires ont voté vendredi en faveur du plan de restructuration financière. Mais le sujet de la dette n’est pas réglé et les performances commerciales inquiètent.

La fumée blanche se fait attendre à Bezons. Réunis au siège du groupe informatique à la dérive, les actionnaires d’Atos devaient voter ce vendredi à partir de 14h en faveur ou contre le plan de sauvegarde accéléré de la société. Une restructuration financière, qui devrait entériner la prise de contrôle par les créanciers, l’effacement d’une partie de sa dette et l’apport d’argent frais pour lui redonner des marges de manœuvre. Au moment où nous écrivions ces lignes, le résultat du vote des actionnaires n’avait pas été rendu public par le groupe.

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Qu’importe en réalité. Pour les porteurs d’action d’Atos, qui seront massivement dilués à l’issue de la restructuration financière, ce vote était en réalité surtout consultatif. «La loi favorise la recherche d’une solution financière pour l’entreprise et permet depuis 2021 de contourner le blocage des actionnaires», explique Didier Bruere-Dawson, avocat associé au cabinet BCLP et spécialiste des sujets de restructuration.

Le vote à la majorité des deux tiers des créanciers d’Atos était en revanche indispensable pour sauver le groupe. Réunis dans deux classes de votes différentes et appelés à se prononcer en ligne jusqu’à jeudi midi, ils devraient sauf retournement inédit de situation se prononcer aussi en faveur d’un plan qu’ils ont eux-mêmes mis sur pied avec la direction d’Atos. Certes, des dissensions sont apparues dans la dernière ligne droite entre certains banquiers et obligataires, peu habitués à travailler main dans la main sur ce genre de dossier. Mais heureusement pour Atos, les créanciers avaient signé en juillet un accord pour verrouiller en bonne partie la procédure.

S’ils vont récupérer les clés de la maison d’ici à quelques semaines, ses nouveaux propriétaires n’auront pas le temps d’y flâner. L’urgence financière est toujours aux portes. La dette a été amputée de 2,8 milliards d’euros, et les créanciers se sont engagés à apporter 1,75 milliard d’euros pour faire face aux prochains besoins en liquidités. Mais cet « argent frais » constitue en réalité un panache de crédits bancaires et d’obligations assortis de taux d’intérêt très élevés, jusqu’à 13 % pour la créance apportée par les obligataires. Une couverture contre le risque de faillite qui coûtera chaque année relativement cher à Atos.

3,4 milliards de dette

Entre la dette dite réinstallée et la nouvelle dette, le groupe devra rembourser 3,4 milliards d’euros. Il s’est donné de l’air en reportant ses échéances à 2029. Mais il devra rembourser de façon régulière certaines lignes de crédit bancaire et devra obligatoirement affecter au remboursement le produit éventuel des cessions de Worldgrid ainsi que des activités stratégiques (militaire et cybersécurité) de la division big data & cybersécurité (BDS). La première division devrait être cédée au groupe Alten pour 270 millions d’euros. Quant au pôle des actifs sensibles, il devrait tomber dans les mains d’un consortium formé par l’État et le groupe Thales pour 700 millions d’euros.

Atos s’achèterait ainsi un peu de répit alors que sa survie passera par un redressement spectaculaire de son activité. Dans son plan d’affaires, le groupe de Bezons indique que ses revenus vont encore plonger de 4 % cette année, puis de 1,8 % l’année prochaine. D’ici là, les financements reçus par les créanciers permettront d’éponger les besoins de liquidités, estimés à 1,1 milliard d’euros pour 2024 et 2025. Un retour à la croissance est espéré pour 2026, date à laquelle Atos prévoit de retrouver une trésorerie en positif. Mais cela supposera néanmoins un triplement de sa marge opérationnelle par rapport aux niveaux estimés de 2024. Une hypothèse que le syndicat CGT juge fantaisiste.

L’activité commerciale en berne

Le budget devra être géré au cordeau et ne supportera pas de dégradation plus importante de l’activité que celle prévue jusqu’ici. Une gageure au regard des multiples révisions à la baisse de ses perspectives ces derniers mois. En interne, l’inquiétude est donc toujours de mise et l’ombre d’un retour devant le tribunal de commerce ou d’un démantèlement imposé à marche forcée par les créanciers plane. D’autant que les signaux commerciaux restent en berne. Les récents contrats obtenus avec la RATP, l’Agence spatiale européenne ou encore les chemins de fer luxembourgeois restent de taille modeste.

Ce qui frappe c’est l’absence d’annonce de deals gagnés. On a une liste de diffusion envoyée tous les lundis matin, sorte de digest commercial pour tout le groupe. Aucune annonce importante depuis des semaines.

Un salarié du groupe

De bien plus gros contrats, comme FedEx, Disney, Johnson & Johnson ont été perdus. Atos en a également terminé avec son aventure olympique démarrée il y a bientôt trente ans, le Comité international olympique ayant confirmé après les Jeux de Paris que le partenariat avec la société française était terminé. « Ce qui frappe, c’est l’absence d’annonce de deals gagnés. On a une liste de diffusion envoyée tous les lundis matin, sorte de “digest” commercial pour tout le groupe. Aucune annonce importante depuis des semaines », s’étonne un salarié de l’entreprise. La prochaine publication des résultats trimestriels, attendue pour le 24 octobre, donnera une tendance claire du niveau de carnet de commandes.

Un nouveau DG mi-octobre

C’est à cet horizon également que le groupe devrait connaître son nouveau directeur général. Le cabinet Egon Zender a été chargé de recruter un successeur à Jean-Pierre Mustier, qui a réunifié le poste de président et celui de directeur général de manière temporaire. Le nom de Dominique Cerutti, ex-patron d’Altran, revient régulièrement, tout comme celui de Thierry Delaporte, ancien patron d’une autre entreprise informatique, WiPro. Un troisième profil est parfois cité comme possible outsider : Philippe Oliva, ex-dirigeant de la branche big data et security (BDS) et parti brusquement de l’entreprise il y a tout juste un an.

Là encore, il n’y a pas de temps à perdre. Car selon nos informations, l’hémorragie de profils dans le top management se poursuit. Caroline Brunellière, DRH d’Eviden, Julien Vidal, directeur commercial de TechFoundations, Bérénice Chassagne, patronne des marchés émergents, Marie Iserbijt, directrice marketing et communication, Ahmad Elharany, directeur général d’Atos Égypte, Pilar Torres la directrice générale d’Eviden Espagne auraient fait leurs valises. « Il y a de fortes chances qu’ils tentent d’emmener de bons profils dans leur sillage », souligne une source interne.

https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/apres-la-sauvegarde-financiere-atos-entame-un-nouveau-parcours-du-combattant-20240927

Musique d’illustration : Marche funèbre de l’Opéra « Le Crépuscule des Dieux » de Richard Wagner.

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Si vous avez subi des pertes en tant qu’actionnaire ou ancien actionnaire d’Atos, ou en tant que porteur d’options donnant droit à des actions, sachez qu’une action en réparation est en cours de préparation. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires). Notre association tente, pour la première fois, de lancer une action groupée financée par des fonds spécialisés dans le financement de contentieux. Il s’agit d’une première en France dans un dossier où des manquements à la réglementation boursière et comptable sont suspectés. Et il s’agit aussi d’une chance pour les plaignants puisque cette action est sans aucune avance de fonds, ni aucun engagement financier, hormis en cas de victoire.

La France connaît un précédent significatif de financement de contentieux par des fonds spécialisés. Ce précédent fait suite au gel des avoirs du fonds H20, consécutif à une violation de la réglementation applicable aux gestionnaires de fonds d’actifs. Bien que ce précédent soit quelque peu différent du nôtre, les discussions avec les fonds initiées dès février avancent car il y a de l’intérêt pour pénétrer un nouveau marché en France. Ces discussions sont donc longues en raison de l’absence de précédents, mais elles progressent.

En résumé, que vous soyez actionnaire ou porteur d’options donnant droit à des actions, vous pouvez espérer recouvrer une partie de vos pertes et vous joindre à la cause sans qu’aucun versement de votre part ne soit nécessaire. La réussite de l’action dépendra du nombre de « pertes éligibles » que nous pourrons rassembler. Le caractère éligible ou non des pertes dépend de l’issue des investigations sur les comptes du groupe ces dernières années. Si vous n’êtes pas encore préinscrit sur le site de l’UPRA, il est encore temps de le faire. Un site web sera entièrement dédié à l’action, on espère courant automne.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€ minimum, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… qui vont se monter en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds de litige. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

www.upra.fr