Atos : « Cette boite c’est juste de la plomberie » [L’USINE NOUVELLE]

 

Extrait de l’article ci-après. Pour une fois que l’Usine Nouvelle sort un article de fonds sur Atos, et pas vis-à-vis du titre, mais des raisons de la fin du deal, on va pas se priver !

Les vraies raisons derrière l’abandon du rachat des activités BDS d’Atos par Airbus​.

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 -COPYRIGHTS L’USINE NOUVELLE-

Les vraies raisons derrière l’abandon du rachat des activités BDS d’Atos par Airbus​

Airbus a finalement renoncé au projet de rachat des activités big data et sécurité (BDS) d’Atos. L’avionneur européen a été confronté à une série d’obstacles qui auront mis fin à un projet pourtant stratégique.

Après plus d’un an de négociations, Airbus jette l’éponge. L’avionneur européen a fait savoir, mardi 19 mars, qu’il mettait fin aux discussions engagées avec Atos pour le rachat des activités big data et sécurité (BDS) du groupe informatique. Cette décision couperet, tombée la veille de la présentation des résultats d’Atos aux analystes (désormais reportée sans nouvelle date), met fin à une transaction qui aurait permis à Airbus de monter en compétences dans les technologies numériques et, surtout, au fleuron informatique sur le déclin de contribuer à remonter la pente. Entre une fuite des compétences, des désaccords internes chez Airbus et des technologies pas si en pointe qu’espérées, l’opération a peu à peu sombré.

Pour rappel, en février 2023, Atos annonçait être entré en discussions avec Airbus pour la reprise de 29,9% d’Eviden, alors dénommé Evidian. L’avionneur s’intéressait plus précisément à BDS : une entité hébergeant des technologies numériques de pointe, comme la cybersécurité, le calcul haute performance (HPC) et le big data. A ce moment-là, Airbus ne cache pas son intérêt face à une occasion de se muscler sur la question, en particulier du cloud de combat du système de combat aérien du futur (Scaf). L’industriel avait fait une offre, non engageante, comprise entre 1,5 et 1,8 milliard d’euros.

Le demi-tour d’Airbus face à « l’imposture » Atos​

Mais plus le prétendant s’est approché de la mariée, plus il en a découvert les défauts rédhibitoires. Jusqu’à le faire fuir. «Airbus a peu à peu découvert la mythologie autour d’Atos, on peut même parler d’imposture», assène un haut dirigeant du secteur aéronautique. Et de poursuivre : «en matière de cybersécurité, Atos ne possède pas de technologies particulières : tout réside dans les hommes, qui peuvent être trouvés n’importe où ailleurs». Un constat partagé par un acteur financier de haut niveau. «Airbus veut de la techno, assure cet expert. Ils sont prêts à payer, mais ils veulent être sûrs qu’il y a vraiment de la techno, que cette boîte n’est pas juste de la plomberie.»

Or le savoir-faire d’Atos réside pour beaucoup dans ses ressources humaines, qui se sont peu à peu étiolées. «Beaucoup de managers ainsi que des profils de haut niveau sont partis, les talents ont quitté le navire, assure un bon connaisseur du dossier. C’est également le cas de certains clients prestigieux, comme des groupes du CAC40, mais aussi de grandes banques françaises.» Face à la déliquescence progressive d’Atos, Airbus s’interroge.

Quant aux supercalculateurs (HPC), Airbus aurait peu à peu pris conscience du manque d’intérêt à s’en emparer. «On ne sait pas vraiment ce qu’il y a dedans, ce n’est que de la com du côté d’Atos», tacle un expert. «La technologie de pointe se trouve plutôt au niveau des start-up», nuance une autre source.

Un découpage trop complexe de BDS​

Autre point qui suscite rapidement des doutes : Atos aurait partagé bien peu d’informations dans la «data room», la salle de donnée virtuelle permettant aux parties prenantes d’échanger au moment des négociations. «Les dirigeants d’Atos sont au four et au moulin, ils n’arrivent pas à délivrer et mettent du temps à transmettre les documents», confirmait un interlocuteur proche du dossier fin janvier. La complexité dans laquelle se trouve Atos et la délicate intégration qu’aurait constituée BDS, dont le détourage était tout sauf évident au vu de la multitude de sites présents dans le monde, a fait reculer Airbus, résume aussi un proche de l’avionneur.

Des raisons propres à Airbus expliqueraient aussi l’échec de la reprise de BDS. «Depuis des mois, des actionnaires ont fait savoir que l’avionneur ne devait pas se disperser et qu’il devait avant tout se concentrer sur les livraisons d’avions, dont il peine à respecter le calendrier», relate une source proche des négociations avec Atos. Ce que relativise un autre expert, assurant que seul le fonds TCI s’était ému de ce projet d’acquisition.

En revanche, le prix ne semble pas avoir été le point d’achoppement. Dans les cercles financiers, une source confirme que compte tenu «des multiples d’opérations dans le secteur, le prix n’est pas si élevé».

Les négociations définitivement enterrées​

La dualité franco-allemande ne serait pas non plus étrangère à l’annulation du projet. «Le gouvernement français n’était pas partant pour qu’une entreprise franco-allemande soit chargée de la dissuasion nucléaire française, comme c’est le cas aujourd’hui d’Atos», assure un interlocuteur. Des mesures de confidentialité peuvent toutefois être mises en place dans ce type de configuration, comme c’est le cas avec ArianeGroup. «René Obermann (président d’Airbus, ndlr) a vu rapidement que l’acquisition de BDS ne valait pas le coup, soutient un haut dirigeant du secteur aéronautique. C’est quelqu’un de très pointu sur les sujets technologiques.»

Airbus est-il en train d’effectuer une feinte, visant à s’assurer une position de force dans les négociations ? Réponse unanime selon les sources interrogées par L’Usine Nouvelle : non, les négociations seraient bel et bien enterrées. Quelles suites seront données ? Airbus ne pourrait-il pas se rapprocher d’un autre acteur pour l’épauler dans le cloud de combat, tel que l’allemand SAP ?

Quant à un autre repreneur pour BDS, Thales, un temps cité, serait d’après plusieurs sources toujours hors course, trop occupé à digérer plusieurs acquisitions récentes. Le sort de BDS, tout comme celui d’Atos, reste encore incertain. Le groupe ne semble pas prêt à répondre de ces derniers rebondissements. Une réunion pour déterminer les axes de communication d’Atos est prévu ce jour.

Olivier James, avec Jonathan Grelier.

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants si nous arrivons à trouver le financement auprès de fonds et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisant vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et manque une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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