«Atos est en train de tomber de la falaise» : la réponse musclée de Daniel Kretinsky aux créanciers du groupe [LE FIGARO]

 

Dans cet article, l’entrepreneur tchèque ne fait que confirmer le constat que le blog fait depuis 3 mois. Que la société est virtuellement en état de cessation de paiement et que toute offre alternative à la sienne entrainerait une dislocation de la société. Si Layani était choisi, on peut imaginer que 25% des contrats seraient annulés par les clients.

Kretinsky attire aussi l’attention sur la perte de contrat FedEx, dont le blog avait attiré l’attention et le fait qu’il représentait 150M€ de CA annuel chez Syntel.

-COPYRIGHT LE FIGARO-

RÉCIT – Les équipes de l’homme d’affaires tchèque dressent un tableau très sombre de la situation du groupe. Malgré le rejet de sa première offre de reprise, il serait ouvert à formuler une autre proposition.

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Daniel Kretinsky riposte. Au lendemain d’un week-end prolongé marqué par le rejet de son projet de reprise d’Atos par certains porteurs de dette obligataire du groupe technologique français , les équipes de sa holding EPEI sortent de leur silence. « Les médias parlent d’une course entre nous, les créanciers et David Layani (premier actionnaire et candidat à la reprise d’Atos, NDLR). Ce n’est pas le cas, parce que tout le monde présente un diagnostic très différent sur la santé d’Atos. Nous sommes les seuls à avoir la liberté de ton sur la situation réelle de l’entreprise, nous n’avons pas d’intérêts particuliers car nous ne sommes ni actionnaires, ni créanciers », assure un porte-parole d’EPEI, proche de Daniel Kretinsky.

Candidat éconduit à la reprise des activités d’infogérance (TechFoundations) d’Atos il y a quelques mois, le milliardaire tchèque a déposé il y a deux semaines un projet de reprise d’Atos dans son ensemble avec le fonds Attestor. Il n’est pas le seul. Un groupe de créanciers du groupe, représentant la moitié de la dette, ainsi que l’entrepreneur français, patron de OnePoint et en consortium avec Econocom et Butler Industries, sont également sur les rangs.

Dans ce match, l’offre de Daniel Kretinsky se distingue des autres par sa vision alarmiste sur l’avenir de la société. Pour sauver le soldat Atos, la proposition de l’homme d’affaire tchèque prévoit l’annulation de 4 milliards d’euros de dette sur les 4,8 milliards actuellement dans ses comptes, mais aussi l’apport de 1,9 milliard d’euros d’argent frais dont 600 millions sous la forme d’injection de capital. À titre de comparaison, les créanciers proposent l’abandon de seulement 1,8 milliard de dettes et l’apport de 1,2 milliard d’argent frais dans les caisses. Quant à David Layani, il propose l’annulation de 3,2 milliards de dette et l’injection de 1,7 milliard d’euros de cash.

«Le roi est nu»

Dit autrement, leur vision du dossier est plus optimiste que celle de «DK», comme l’appellent les protagonistes du dossier. À entendre EPEI, c’est une erreur. « Le roi est nu », insiste-t-on dans le camp de Daniel Kretinsky. Le plan stratégique présenté par Atos le 9 avril, puis dans sa version révisée le 29 avril, agit visiblement comme un détonateur pour les équipes d’EPEI, avec des perspectives financières très dégradées notamment sur la prise de commande et la marge opérationnelle. « Atos est en train de tomber de la falaise (…) la vitesse du déclin est tout simplement énorme», indique encore ce porte-parole.

Atos est en train de tomber de la falaise (…) la vitesse du déclin est tout simplement énorme »

EPEI, la holding de Daniel Kretinsky

D’un point de vue purement stratégique, la scission en deux d’Atos avec TechFoundations d’un côté, et les activités digitales de l’autre, n’est pas remise en cause pour les équipes du milliardaire tchèque. D’autres acteurs, à l’instar d’IBM avec Kyndryl, l’ont fait dans l’industrie, et selon EPEI, les synergies entre les deux ensembles ne sont pas légion. « Les ventes croisées n’atteignent que 10% des revenus», estime notre porte-parole. Ce dernier estime néanmoins que si cette stratégie n’est pas mauvaise en soi, le va-et-vient permanent, l’instabilité managériale épuise la clientèle d’Atos. Selon cette source, les clients d’Atos « sont en train de perdre patience». Des contrats importants, notamment en Inde, en Allemagne ou encore du groupe américain FedEx, qui a pu représenter jusqu’à 15% des revenus du groupe à une époque, ont été perdus. Du côté des activités digitales, la perspective est, elle aussi, sombre. «Au début de l’année, le groupe disait s’attendre, sur le périmètre Digital, à un EBIT de 400 millions d’euros. Après le premier trimestre, ce montant était ramené à 200 millions. À la fin du mois d’avril, on était descendu à 95 millions d’euros, soit un quart de la première estimation », indique encore EPEI.

Selon la holding, les créanciers et David Layani minimisent la dégradation de l’activité du groupe, mais également le poids de son fardeau financier. Alors que le débat se concentre sur les 4,8 milliards d’euros de créances bancaires et d’obligations à rembourser par Atos, les équipes d’EPEI pointent du doigt de nombreuses charges (coûts de restructuration, provisions, coûts de séparation), qui rendent l’équation financière plus difficile encore. « Nous estimions l’ensemble de ces engagements à 3 milliards d’euros au début de l’année». De sorte qu’aux yeux d’EPEI, le plan proposé par David Layani et celui des créanciers ne pourra pas sauver Atos et que celui-ci pourrait repasser par une procédure de sauvegarde d’ici un an. «Si cette restructuration n’est pas conduite en tenant compte de la réalité de la situation financière de la société, il n’y aura plus rien dans un an».

« Si cette restructuration n’est pas conduite en tenant compte de la réalité de la situation financière de la société, il n’y aura plus rien dans un an »

EPEI

La surprise de la lettre

Ce constat, noir, étant fait, c’est à se demander pourquoi Daniel Kretinsky reste candidat à la reprise d’Atos. « Nous n’avons pas peur de prendre des participations dans des entreprises en difficulté et quand nous faisons un pari, nous le faisons en risquant notre propre argent sur de gros montants », assène-t-on dans l’entourage de l’homme d’affaires, ajoutant qu’après deux ans à examiner notamment TechFoundations, EPEI estimait pouvoir remettre l’entreprise sur ses pieds. Un scénario très hypothétique, d’autant qu’à ce stade, les créanciers ont fermé la porte à la première offre de Daniel Kretinsky, jugeant l’écrasement de dette proposé par EPEI beaucoup trop important.

Interrogé par le Figaro sur la réaction au courrier envoyé par certains créanciers à Bercy dans laquelle ils indiquent refuser la proposition de Daniel Kretinsky, EPEI se dit extrêmement surpris.« Mon sentiment est que certains créanciers paniquent, car une telle ingérence dans un processus de restructuration compétitif est sans précédent. Nous fermer la porte avant d’avoir lu l’offre finale est parfaitement irrationnel », insiste notre source. À l’entendre, tous les créanciers ne sont pas fermement opposés à la démarche d’EPEI. Selon une source, certaines banques dont BNPParibas, seraient sensibles aux arguments de l’homme d’affaires. La Lettre indique même que la banque aurait claqué la porte du comité de pilotage qui regroupait les nombreuses banques d’Atos, preuve d’une scission entre elle. Du côté des obligataires en revanche, le chemin apparaît plus étroit. «Ceux qui viennent de racheter de la dette doivent digérer, car ils ont fait un mauvais choix» et ne retrouveront jamais leur mise, insiste un protagoniste du dossier. Il faudra néanmoins pour «DK» les convaincre. Dans cette procédure, ils ont les mêmes droits que les créanciers bancaires. Et les opposants à «DK» apparaissent assez nombreux pour constituer une minorité de blocage au choix du repreneur.

La sortie des équipes de Daniel Kretinsky n’est évidemment pas neutre. Réputé dur en négociation, le milliardaire tchèque dépeint une situation sombre d’Atos pour convaincre les créanciers d’accepter ses conditions. Mardi, les équipes de l’homme d’affaires ont néanmoins agité l’idée de revoir leur offre, notamment en fonction des éléments qui leur seront fournis par Atos sur la partie digitale. «Cela reste très hypothétique. Nous pourrions avoir une meilleure valorisation sur certaines activités», reconnaît-on chez EPEI. De quoi offrir un effacement de dette moins important pour les créanciers ? «L’offre révisée est en cours d’élaboration donc c’est totalement prématuré de faire de telles affirmations», tranche un banquier proche d’EPEI, qui estime que cette offre pourrait être finalisée dans la semaine. Une autre idée agitée mardi consistait en une réflexion de la part des équipes de Daniel Kretinsky sur la possibilité d’associer certains créanciers à la trajectoire de reprise pour TechFoundations en leur donnant la possibilité de rentrer au capital.

Cette sortie a eu néanmoins le don d’agacer du côté d’Atos. Dans une déclaration transmise mercredi soir au Figaro, le président du conseil d’administration Jean Pierre Mustier a appelé au respect de la «procédure cadrée et ordonnée». Si son conseil examine «avec impartialité» toutes les offres qui lui ont été soumises, «il ne peut pas accepter les récentes déclarations publiques inacceptables qui portent atteinte à la réputation du groupe». Atos demande la fin immédiate des commentaires pour permettre aux «salariés de continuer de travailler sereinement». «Le groupe par ailleurs réserve ses droits pour toute action spécifique qui pourrait être menée», conclut le groupe.

https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/atos-est-en-train-de-tomber-de-la-falaise-la-reponse-musclee-de-daniel-kretinsky-aux-creanciers-du-groupe-20240522

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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.

Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.

Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validé par un juge.

Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.

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