Une fois de plus, l’équipe des super-menteurs a encore frappé chez Atos.
Du retard sur des dépréciations d’actifs en 27 ans de bourse (ça ne me rajeunit pas), je n’avais jamais vu ça. Et pire, un retard spécifique aux « Goodwill impairments » (dépréciation des survaleurs appelées maintenant Goodwill par tout le monde). Jamais.
Y’a que Atos pour nous faire un coup tordu comme ça.
Des retards dans les comptes annuels, oui j’en ai déjà vu, ou une AG décalée d’un mois, aussi, mais d’une part, c’est très rare et d’autre part la société pour ne pas inquiéter le marché prévient du décalage entre 10 jours et 15 jours avant la date initiale. De mémoire de boursier, je n’ai JAMAIS VU A CE JOUR, une société du CAC ou du SBF 120 décaler la publication de ses comptes de 3 semaines la veille de l’annonce initiale. C’est totalement inédit, un truc de malade niveau manipulation psychologique.
D’autre part on est en pleine manipulation, car on donne que des chiffres dits « positifs », même si la MOP est dans le bas de la fourchette et qu’Eviden a fait bien moins bien que le S2/2022, il n’y a que L’Udaac et ses deux con-présidents pour se réjouir d’une MOP à 4.4%, alors que même des petites ESN de province en redressement judiciaire font mieux que ça.
Par contre, on ne donne pas la perte nette qui sera entre -2Md€ et -3Md€ selon les dépréciations, mais aussi l’augmentation des frais financiers, le recours d’urgence à l’affacturage très couteux en frais financiers et les éternels frais opérationnels passés à tort en frais exceptionnels pour qu’ils arrivent après la MOP.
La raison de ce décalage n’a rien à voir avec un retard. C’est simple.
Il y avait un litige depuis plusieurs semaines avec Deloitte sur les comptes. Il y avait un bras de fer pour la certification des comptes par Deloitte et Atos, Mustier et Saleh ont perdu le bras de fer, Deloitte a refusé de certifier les comptes d’Atos et donc on imagine que Paul Saleh et Mustier ont misà la dernière minute une pression énorme sur Deloitte, mais Deloitte n’a pas craqué.
Donc à la dernière minute, ils ont décidé de faire appel à un cabinet spécialisé en résolution de litiges amiable et transaction, la société ACCURACY, qui n’est en rien un auditeur spécialisés en dépréciations, mais un expert en litiges, en audits financiers de crise comme vous pouvez le voir sur leur site internet : https://www.accuracy.com/expertise/disputes/
On retourne 2 ans en arrière 2 fois
On reprend le plan Belmer de février 2022 avec la vente de BDS, 2 ans de perdu et 80% de valeur et on se retrouve 3 ans en arrière avec la non-certification des comptes consolidés par Deloitte à cause de problèmes (mineurs selon Meunier) sur deux filiales américaines, mais qui auraient dû à l’époque ouvrir les yeux à tout le monde sur les magouilles comptables de Meunier.
Avec le recul, ça puait ce truc. Avec l’expérience que j’ai sur le dossier Atos depuis 2 ans, ce truc ce reproduit sur n’importe quelle société, je VADe immédiatement.
Peut-être que le fait de savoir que dans les mois qui viennent Deloitte va être assigné par un collectif appelé Upra.fr et initiée par votre serviteur, supervisé par le cabinet Vermeille & Co qui ne fait pas dans la dentelle, a joué un peu dans la balance. En effet, si Deloitte nous la faisait « à l’envers » niveau dépréciations, nous les attaquerions à ce sujet.
Dans les infos confirmant mon article « Warning« , on voit qu’il y a 2 versions.
Une officielle où tout est parfait, si parfait que c’en est grotesque. C’est cela que ne réalise par le dir com. À part les deux con-présidents de l’Udaac et 5/6 membres de Boursorama, PERSONNE ne croit que tout va bien à Atos. Donc la dir com plus, elle prend les actionnaires pour des cons, plus elle se décrédibilise.
A la limite il y a aurait eu un « les résultats sont en progression mais le groupe traverse une période complexe… blabla, ça serait passé, mais le « c’est le top du top », on se dit mais putain ça doit aller super mal pour qu’ils mentent à ce point.
Il y a eu une grosse réunion vendredi après-midi.
Oh, ils l’ont Photoshopé ou il a fait un régime + passage aux UV ?
Un call pour tous les employés BDS où l’on apprend que pour l’instant les négociations avec Airbus se déroulent mieux qu’il y a 10 jours où BFM et le blog faisaient part de doutes, et où l’on apprend « qu’il n’y a aucun problème de cash chez Atos ». C’est tellement gros que s’en est risible. Il aurait mieux value de la langue de bois style « le cash est plus tendu qu’à l’accoutumée, mais nous gérons sans trop de difficulté jusqu’à présent »
Q? The cash?
CAB : The cash situation is not particularly critical. We are not under cash shortage.
Sur Airbus :
Il faut dire que si vous vous souvenez d’un de mes articles, je disais « je n’y crois plus au deal Airbus plus sous forme de package, ou si package pas au prix affiché ». Le point faible du package était réellement les HPC qui n’impressionnaient pas Airbus tant par leur mauvaise rentabilité que par l’investissement à y réaliser pour mettre à jour l’outil de travail hard et soft et le recrutement de chercheurs que le manque de moyen financier avait forcé BDS à geler depuis un an.
Or selon mes sources, Atos a fait de grosses concessions niveau prix ces 10 derniers jours et on se situerait désormais sur une valeur d’entreprise de 1.3Md€ et une rentrée nette de cash de 1Md€, la différence de 300M€ étant le BFR laissé et des passifs repris. En échange de cet effort d’Atos, Airbus ferait un acompte à la signature du contrat, et pour se sécuriser, Airbus une fois le premier paiement réalisé, enverrait des équipes chez BDS jusqu’à octobre et cela a été confirmé par Carlo d’Agosio Biondo dans son call « hand up » : « Airbus will sent team inside BDS until the ownership transfer ». La baisse de prix, c’est selon mes contacts, car Airbus était en train de lâcher l’affaire sur le « package BDS » à cause des HPC.
La flexibilité financière d’Atos a donc tout changé et le sourire est revenu des deux côtés. Pour ceux qui espéraient (n’est-pas Mr Lecesne) 1.8Md€ à 2Md€ pour BDS, le rêve est fini.
Par contre l’arrivée de cash frais permettra de faire la conciliation dans de bonnes conditions sur Avril-Mai en continuant les delivery normalement et la BPI, pour être sûr qu’Atos tienne jusqu’aux JO niveau trésorerie, prendrait peut-être selon des rumeurs, une minorité de blocage de 30% dans Worldgrid pour sécuriser cette filiale avec les logiciels spéciaux pour les EPR. Il s’agit à ce stable de simples rumeurs cependant. Car selon un de mes interlocuteurs, EDF aurait largement les moyens de racheter Worldgrid seul sans la BPI.
Ce qui est amusant, c’est que Carlo dit dans ce call, « même pour les HPC, maintenant Airbus a compris l’intérêt ». En effet, une ristourne de 200M€ ça paie les investissements indispensables dans BDS présentés au CMD du 14/06/2022 dont 250M€ seulement pour BDS.
En effet, tout comme Kretinsky aurait eu 800M€ à dépenser immédiatement s’il avait repris TFCo, Airbus aura 250M€ à dépenser immédiatement s’il reprend BDS.
Pour ceux qui croient que cette rentrée de cash fin mars, début avril, ça va redresser Atos, ne rêvez pas, c’est juste pour ramener le cash à un niveau acceptable pour payer les salaires jusqu’aux JO. La conciliation et restructuration du capital et de la dette, elle, selon mes informations, est déjà lancée et elle sera ultra-dilutive avec une fourchette 0.28cts à 0.36cts après AK sans DSP pour les repreneurs.
Un article appelé « comment calculer le prix de l’action après restructuration » va être publié dans la soirée
Un point un peu étrange à signaler, alors que rien ne les y obligent, ils veulent faire valider le deal BDS en AG en mai.
Je n’en dirais pas plus sur ce call, car je ne souhaite pas que ça interfère dans les discussions avec Airbus.
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Maintenant, en parallèle, via mes contacts, j’ai des sons de cloches très différents.
Le ton est un peu plus direct et franc dans les meetings internes restreint à des audiences moins larges. Les sujets y sont les mêmes, Airbus en tête, mais les soucis y sont plus facilement abordés comme la publication inquiétante sur le cash flow, le net ralentissement du Book to Bill, donc l’impatience pour les clients de BDS d’avoir une réponse rapide, car même avec un transfert de propriété en octobre, la confiance des clients pour la partie BDS repartirait de l’avant, une fois la décision annoncée.
En résumé, les axes actuels de migraine sont : le cashflow, sur la confiance des clients et partenaires, les propositions Kretinsky et OnePoint.
Le message sous-jacent qui revient régulièrement, est que le groupe a une grande incertitude sur son devenir excepté BDS qui fait preuve d’optimisme, même si on ne veut pas vendre la peau de l’ours tout de suite.
Pour le groupe, là, c’est différent. Le devenir devrait se jouer entre K et L pour la partie non-BDS. La partie BDS, elle semble être un peu rassurée par l’idée d’avoir prochainement un nouvel actionnaire plus solvable géant mondial dans son secteur, mais il reste un gros mois à attendre. La fin de la Due Dilligence la semaine prochaine, la compilation des données, l’offre définitive, si elle a lieu, de la part d’Airbus et enfin la réunion du board pour l’accepter.
Carlo a estimé la réponse définitive sur un accord sur les 10 premiers jours d’avril pour le dossier Airbus. Pour le groupe ce sera plus tard, mais des noms peuvent apparaitre dès le 20 mars.
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Voilà, je n’ai donc pas fait mon signalement AMF pour rien vendredi. Il a il y a les versions officielles, le discours de la dir com, la langue de bois que tout le monde connait depuis 4 ans et l’AMF pourra demander à entendre Carlo et si Atos n’a aucun problème de cash pourquoi à son avis S&P a dégradé à CCC : « l’émetteur va probablement faire faillite ». Je rappelle que S&P Ratings sait qu’une note CCC va « massacrer » la boite qui va la recevoir.
Or S&P ce ne sont pas des pervers, non plus. S’ils le font, c’est qu’ils ont des informations très précises sur le niveau de cash, soit via les dirigeants d’Atos (Paul Saleh avait confirmé s’être entretenu avec S&P) soit par son service d’intelligence économique.
Mais bon, n’allons pas jusqu’à demander à l’AMF d’intervenir sur des calls internes. Il faut juste savoir que tous les jours des PP se renforcent en croyant que la situation est pas catastrophique, aussi seul l’AMF peut inciter Atos à ne plus mentir.
Le groupe peut être sauvé, j’y crois vraiment.
L’action non, ça n’est plus possible, le point de non retour est dépassés depuis de longues semaines. Il était mi-décembre. Excepté d’éventuels petits rebonds techniques, comme toute action, qui ne décent jamais en ligne droite à zéro, il n’y a pas d’autres alternatives pour Atos. Pour dégager un FCF positif, il faudrait que la MOP soit à 5.5% et elle est à 4.4% en descente vent dans le dos et il y a 3.5Md€ à rembourser sous 18 mois !! La somme des parties ne couvre plus la dette.
Si je suis attaché à sauver ce groupe, avec comme condition sine qua non de sacrifier l’action, c’est au risque de me répéter que les actionnaires ont été suffisamment prévenus qu’il fallait sortir, via des communiqués à répétition, dégradations S&P et interview de Mustier et que ceci étant dit il faut que l’intérêt social passe en premier, même si pour l’instant c’est pas le cas du tout avec ce mandat Haddock totalement inadapté.
En particulier, je repense à Bernard Bourigeaud qui m’avait dit durant un de nos entretiens : « ce groupe c’est moi qui l’ai fondé. Aussi je ne vous cacherais pas que j’ai une certaine peine à la voir disparaitre.
Il semble y avoir des repreneurs, il faut donc leur tendre les bras.
Ce qui est amusant, c’est que dans une des réunions de vendredi, selon mes contacts, un responsable d’Atos a dit « ne vous inquiétez pas, les salaires sont garantis pour mars ».
Et Avril ? 😀
Et pourquoi préciser ça ??
Y’a que le blog qui en a parlé et qui avait précisé en plus, je le rappelle, qu’au pire, ce serait un retard de 5 à 8 jours. La direction commente les rumeurs blogs maintenant ?
Ou est-ce que ce n’était pas le cas il y a 15 jours et que là y’a eu plus d’affacturages clients que prévu, donc on est maintenant sûr de payer les salaires, et, on est tellement soulagé à ce sujet qu’on le dit haut et fort, Et ce faisant, on oublie aussi qu’en le disant, on confirme qu’il y avait bien une inquiétude à ce sujet 😀 😀
Pour rappel, l’affacturage client n’est pas automatique. Il faut impérativement que le client ait donné son accord au moment de la signature du contrat. Selon un membre de la DAF très haut placé, chez Atos, c’est 40% des contrats qui sont affacturables (ou l’inverse, j’ai un trou de mémoire. Dsl) des clients refusent la cession de leurs factures. On parle donc, dans ce cas, de créances non affacturables.
Mais compte tenu de la situation, il se peut qu’on ait envoyé les commerciaux au charbon pour faire signer des avenants et que des clients aient accepté au moment de la livraison de signer un avenant pour autoriser la cession de leur facture. La raison pour laquelle on parle de « cession de facture », c’est par essence ce qui fait que l’affacturage est peu risqué pour la compagnie d’affacturage, elle donne l’argent à Atos de suite et se fait payer directement par le client entre 45j et 90j plus tard.
Le Reverse Factoring, lui est bien plus rare d’une part, car c’est un outil financier artificiel. Il est très risqué pour le prêteur en cas d’insolvabilité de son client, ici Atos, car le fournisseur livre Atos immédiatement, se fait payer par le Reverse affactureur immédiatement, qui ensuite 120 jours après va facturer Atos et demander le paiement à Atos.
C’est pour cela que le Reverse Factoring a été totalement asséché avec la dégradation S&P Ratings, mais que l’affacturage classique continue à tourner. Cependant, l’affacturage détruit la marge nette, car avec une MOP à 4.4% et un coût d’affacturage de 2% par facture, il ne reste plus grand-chose pour Atos, donc on donne un peu de bouffée d’oxygène sur le cash, mais on augmente la perte de la société.
Rien n’est simple chez Atos. Vivement la restructuration et que des têtes tombent !
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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants si nous arrivons à trouver le financement auprès de fonds et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres.
Mais pour des raisons de couts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 10 000€, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.
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