Un volcan s’éteint, un autre s’éveille. Alors que le fonds Sycomore a mis fin à sa campagne contre la direction d’Atos, le fonds activiste CIAM se lance pour tenter de bloquer la double opération présentée cet été par la direction de Bertrand Meunier.
Par Leïla Marchand, Nicolas Madelaine
Annoncée le 1er août, la transaction prévoit la cession à Daniel Kretinsky de Tech Foundations, les « vieux » métiers d’infogérance d’Atos, et d’autre part, une augmentation de capital de 900 millions d’euros au total d’un nouvel Atos réduit à ses activités porteuses de Big Data et de cybersécurité.
Cette augmentation de capital permettra « principalement de financer le besoin en fonds de roulement [BFR] de Tech Foundations à hauteur de 1 milliard d’euros » et faciliter sa restructuration, pointent Anne-Sophie d’Andlau et Catherine Berjal, les fondatrices de CIAM. « Les actionnaires actuels d’Atos [bientôt renommé ‘Eviden’, NDLR] se font complètement spolier ! L’augmentation de capital fait plonger le cours de leur entreprise et pendant ce temps, ils n’ont aucune chance de bénéficier du redressement à terme de Tech Foundations alors que Daniel Kretinsky est quasiment assuré de faire une importante plus-value avec cet actif car il pourra le redresser avec l’argent qu’on lui verse. »
Les deux femmes ne sont opposées ni à une augmentation de capital ni à Daniel Kretinsky, mais l’invitent à participer, avec d’autres, à une augmentation de capital d’un Atos qui garderait ses métiers d’infogérance.
Contactée, la direction d’Atos ne fait pas de commentaire. Dans une interview à « La Tribune » publiée ce mardi, le dirigeant, Bertrand Meunier, déclarait qu’il était « inexact d’affirmer » qu’Eviden financerait la restructuration de Tech Foundations. « Le repreneur va supporter l’intégralité du plan », a-t-il affirmé. « S’agissant du BFR, quand on cède une entreprise, elle est toujours cédée avec son BFR moyen sur l’année. » Il évoque même un intéressement à la restructuration de Tech Foundations pour les actionnaires d’Atos.
Des arguments qui ne convainquent pas CIAM. « Nous n’avons pas le détail du partage de la valeur », répond le fonds à propos de l’augmentation de capital. Concernant le BFR, ce n’est, selon eux, « pas du tout un principe » de céder le BFR moyen.
Une copie envoyée à l’AMF
Dans leur lettre envoyée à la direction d’Atos contestant l’opération, Anne-Sophie d’Andlau et Catherine Berjal, qui ont envoyé une copie à l’Autorité des marchés financiers (AMF), pointent par ailleurs ce qu’elles estiment être de gros problèmes dans la communication du groupe. « Contrairement à ce que dit la direction, la cession de l’infogérance est l’inverse de ce qui était prévu [la cession de 30 % des activités de Big Data et de cyber, NDLR], c’est un revirement majeur », déclarent-elles. CIAM pose la question d’une éventuelle tentative de protection d’intérêts personnels de plusieurs managers via ce manque de transparence.
Pour elles, l’opération fait ressortir un prix négatif de 900 millions pour Tech Foundations – et non pas un prix de 100 millions, comme l’écrit la société – et laisse le futur Eviden lesté de dettes. « Les ‘engagements au bilan’ de 1,9 milliard soi-disant transférés à Tech Foundations sont des ‘liabilities’ liées à son activité et pas de la dette, contrairement à ce que suggère le groupe en mentionnant une valeur d’entreprise de 2 milliards. » Le fonds note en outre que juste avant de décider la cession de Tech Foundations dans ces conditions, la direction d’Atos elle-même disait que cette branche était en voie de redressement.
Objectif : un tiers des votes
Anne-Sophie d’Andlau et Catherine Berjal attendent désormais la réaction de Bertrand Meunier, qui a reçu la lettre ce mardi. Si elles ne trouvent pas une oreille à l’écoute de leur contre-proposition, les deux cofondatrices du hedge fund sont déterminées à livrer bataille.
Avec l’assemblée générale des actionnaires en ligne de mire (qui doit se tenir d’ici la fin de l’année), l’objectif est de mobiliser les petits porteurs, qui pèsent relativement lourd dans le capital d’Atos, et d’obtenir un tiers de votes contre le plan. « On sait être rapides, on est bien organisées », assurent-elles, sans envisager d’allier leurs forces à celles de l’UDAAC, l’Union des actionnaires d’Atos en colère, une association de petits porteurs créée en août et qui cherche aussi à faire barrage aux négociations.
Esso, SCOR, Suez, Club Med, Euro Disney, Canal+, Zodiac, SFR… En quinze ans, les deux quadras se sont déjà attaquées à de grands noms pour défendre les intérêts de leurs investisseurs. Et sont optimistes sur cette nouvelle opération : « Les actionnaires sont furieux, le plan va tomber à l’eau. »
Leïla Marchand, Nicolas Madelaine
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/on-fait-un-cadeau-a-kretinsky-atos-sattire-les-foudres-du-fonds-activiste-ciam-1977527
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SI VOUS ESTIMEZ L’ATTITUDE DE LA GOUVERNANCE D’ATOS N’EST PLUS TOLÉRABLE, À SAVOIR UNE DESTRUCTION À PETIT FEU DES CAPITAUX PROPRES D’ATOS, ET LA POSSIBLE FAILLITE DU GROUPE,
alors ADHÉREZ à l’association UDAAC, [l’union des actionnaires d’Atos en colère] et inscrivez-vous sur l’agrégateur d’actions pour comptabiliser notre % du capital « de concert » (cliquez ci-dessous).
L’UDAAC est une association « loi 1901 » immatriculée en préfecture, à vocation unique de défendre les actionnaires d’Atos contre la gouvernance qui détruit à petit feu l’entreprise, afin de mandater un cabinet d’avocat spécialisé en défense d’actionnaires pour réaliser des actions auprès de l’AMF, pour inscrire des résolutions à l’AGE de novembre dans le but de destituer Bertrand Meunier et la moitié du board inféodé, bien-entendu, annuler l’augmentation de capital, et surtout d’annuler le chèque de 1 Md€ versé par Atos à Kretinsky pour garder TFCo dans le giron d’Atos.
Si vous êtes suffisamment nombreux à nous rejoindre, et alors que le budget de l’association soit suffisant, nous assignerons individuellement devant les tribunaux Bertrand Meunier et tous les administrateurs individuellement.
Pour cela, il nous faut réunir des fonds pour financer ce combat, car l’argent est le nerf de la guerre. Il y aura des frais d’avocats très importants ! Mais également des frais d’agence de communication pour nous faire entendre. L’UDAAC a un besoin en fonds énorme pour nous assurer la victoire face aux avocats de Meunier qui bien sûr va choisir les plus chers vu qu’il paie avec votre argent !
L’UDAAC propose une participation de 6 cts par actions détenues, montants qui seront gérés méticuleusement par le bureau de L’UDAAC dont le président et le trésorier sont experts-comptables et inscrit au conseil de l’ordre des experts-comptables et travaillent bénévolement pour l’association.
Union Des Actionnaires d’Atos en Colère
Association 1901 immatriculée en préfecture
Je rappelle que pour tout échange d’idées, suggestions, un forum spécifique a été créé : forum.bourse.blog/udaac/
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