-COPRYRIGHTS LES ECHOS-
Le géant informatique, qui compte 94.000 collaborateurs et réalise 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, s’apprête à basculer la majorité de son capital entre les mains de hedge funds, d’investisseurs obligataires et de banques. Un type de prise de contrôle éprouvé dans de nombreuses restructurations en France, mais inédit par sa taille.
Par Anne Drif
Une série d’investisseurs emmenés par DE Shaw, Boussard & Gavaudan, Tresidor, Syquant, SPG, Fidera, Blackrock et AG2R, ainsi que la BCE, le premier créancier du groupe, doivent convertir leur dette en capital et détenir avec les banques d’ici à la fin de l’année entre 74 % et quasi 100 % d’Atos. Une bascule inédite par sa taille.
Les pouvoirs publics et le conseil d’administration croient-ils eux-mêmes à ce méga « lenders led » (prise de commande par des créanciers par conversion de dette en capital) ? Ce n’est pas complètement certain. Selon des sources, ce sont eux qui auraient poussé les créanciers à laisser une porte ouverte au capital à un tiers industriel, après avoir été lâchés par David Layani et avoir écarté Daniel Kretinsky.
« Tout ça, c’est une question d’affichage, balaie un fonds alternatif à la manoeuvre dans ce dossier, et qui a engagé des millions d’euros dans des restructurations en France, de Bull à CGG, en passant par Europcar , Casino et Orpea. Il y a une forme de délit de faciès envers les hedge funds ».
« Regardez l’actionnariat du CAC 40 ! »
Les précédents, il est vrai, sont nombreux. Certes ils ne se sont pas forcément terminés en grande success story, mais ils ont évité la faillite. Alors, personne ne s’est vraiment ému non plus du changement de mains des actionnaires vers les prêteurs.
Le spécialiste de l’exploration pétrolière CGG (rebaptisé Viridien), restructuré en 2017, est de nouveau rentable, et certains des hedge funds comme Boussard & Gavaudan sont toujours au capital.
Idem pour le spécialiste des tubes pour l’énergie Vallourec délesté d’actifs en Europe et restructuré en 2021 sous la direction du fonds Apollo, qui vient de revendre sa part à Arcelor Mittal. Le loueur Europcar et ses 10.000 salariés, passé chez les hedge funds la même année, a lui aussi entre-temps été cédé à Volkswagen .
Reste qu’avec ses près de 100.000 salariés à travers le monde, le « lenders led » d’Atos est inédit, et d’aucuns questionnent la pérennité du montage financier. « Regardez le CAC 40, Air Liquide, Total, leur actionnariat est fragmenté, une très grande majorité de leurs investisseurs sont des fonds anglo-saxons. Voyez-vous un grand groupe international qui ait besoin d’un actionnaire de référence ? Cela ne les empêche pas de croître ! Ce débat n’a aucun sens », rétorque un investisseur obligataire.
Chez Atos, aucun fonds ne devrait détenir plus de 10 % du capital – Bercy ne devrait donc pas d’ailleurs déclencher de contrôle des investissements étrangers. Certains créanciers comme Blackrock et AG2R ont aussi demandé que le groupe reste coté pour assurer sa lisibilité, selon des sources.
« Y avait-il un actionnaire de référence industriel chez Atos jusqu’à ce que David Layani décide d’entrer au capital ? Non. Quelqu’un s’en est-il ému ? Non », s’agace encore un créancier. Après le retrait subit du patron de Onepoint , les créanciers actionnaires disent eux, en revanche, vraiment « mouiller leur chemise » avec le 1,5 milliard d’euros qui doivent être réinvestis.
A ceux qui renvoient à l’échec de la restructuration de l’ex-Pages Jaunes (Solocal) dont des hedges avaient pris le contrôle, avant que Maurice Lévy ne s’en empare, des créanciers répondent : « Avec Atos, on n’est pas sur le marché des pièges à loup du XVIIe siècle ! Les SSII fournissent des services numériques essentiels, en pleine croissance ! Atos est un leader mondial dans son secteur. »
Argent « à risque »
D’autres renvoient aussi à l’échec du parapétrolier Bourbon dont les banques ont pris le contrôle et sont en train de le perdre au profit des fonds alternatifs DK et Fortress. « Les prises de commandes par les seules banques sont bien plus complexes qu’avec des fonds, répond un de leurs représentants. Elles croulent sous les contraintes réglementaires et ne peuvent pas passer la moindre provision. Nous, il suffit d’un « go » d’une ou deux personnes ».
Demain par ailleurs, personne n’exclut, comme pour Vallourec ou Europcar, une reprise par un industriel une fois Atos à nouveau sur les rails.
Derrière le changement de main à l’oeuvre au profit des créanciers, certains critiquent en réalité les intérêts élevés, la masse de dette restante dont devra s’acquitter Atos face à peu de capital. « Faut-il rappeler que ce n’est pas un investissement de bon père de famille ! C’est de l’argent très risqué que nous réinjectons », s’agace un créancier. Quant au montage financier, sur le fond, les créanciers disent ne faire que respecter la feuille de route fixée par le management d’Atos.
Dans l’immédiat, au-delà de la nature des actionnaires, c’est là que réside d’ailleurs le futur vrai enjeu du géant informatique : qui pilotera la future gouvernance ?
Les syndicats d’Atos vigilants face aux créanciers
Chez Atos, à croire les élus du personnel, les salariés satisfaits de la tournure des événements sont ceux qui… quitteront le groupe. « Dans les entités mises en vente, BDS et WorldGrid, ils sont très contents de ce qui leur arrive », note Karine Dran, de la CFE-CGC de l’entreprise en France. Pour les plus de 9.000 autres, la prise de contrôle du groupe par les créanciers appelle à la prudence. « Si les créanciers restent seuls pour diriger, ce sera un problème mais ils disent qu’ils ne veulent pas gérer », garde espoir Alia Iassamen, de la CFDT. Plus méfiante, Karine Dran craint l’arrivée d’un cost-killer à la tête du groupe après le retrait de David Layani que son syndicat soutenait. « Les créanciers ne nous accordent qu’un délai de grâce puisqu’Atos ne remboursera pas sa dette à courte échéance mais paiera plus tard des intérêts qu’on ne sait pas comment rembourser », dit-elle. D’ici là, les élus réclament une stratégie d’entreprise claire. Fl. D.
Anne Drif
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/atos-faut-il-craindre-une-prise-de-controle-par-les-seuls-creanciers-2106116
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POSTFACE BLOG
Tout d’abord nous sommes très heureux et on ne pourra que féliciter Anne Drif d’être revenu sur une mode plus investigatrice et un mode thèse/anti-thèse, même si notre petit regret est qu’elle ne mets pas les HF face au chiffre de la nouvelle dette de 4450M€ (et 4200M€ au moment de l’interview).
On remarquera une certaine nervosité chez les Hedge Funds et une série d’arguments fallacieux avec des exemples d’entreprises qui vont pour la plus grosse de chez plus grosse de 1/3 de la taille d’Atos à 1/20 de la taille d’Atos. Donc aucun Hedge Fund n’a déjà participé à une restructuration de la taille d’Atos.
D’autre part les Hedge Funds comparent Atos à des sociétés du CAC40, qui ne sont que des sociétés en pleine forme puisque les 40 plus grosses capi et de comparer une société au bord du dépôt de bilan et qui le serait déjà sans un financement intérimaire et une promesse d’achat de Worldgrid avec une société du CAC40 c’est juste une immaturité complète et la preuve, de leur incompétence à analyser la situation face au réalisme de Daniel Kretinsky.
Leur plan se résume à mettre à chasseur de tête pour trouver un nouveau président et un nouveau CEO. Sauf que qui va contrôler le président et le nouveau CEO. Seul un expert en restructurations peut contrôler l’action du board et du CEO. Cet article est tout simplement la preuve que le plan des Hedge-Funds par leur méconnaissance du dossier et leur ignorance du redressement de multinationales est à ticket direct vers la faillite.
D’ailleurs cet article nous donne le preuve que Boussard & Gavaudan sont des mauvais gestionnaires ils ont gardé leur participation après la restructuration CGG de 2017 et celle-ci a perdu 90%… Et c’est eux à qui on va donner les clefs du camion !! Voir partie 3
Quant aux exemples fallacieux, ils sont réduits en cendres dans notre série « Une conciliation qui a du mal à acoucher » partie 2 et partie 3.
ENFIN LE BOUQUET FINAL :
Un des 8 vautours dit :
A ceux qui renvoient à l’échec de la restructuration de l’ex-Pages Jaunes (Solocal) dont des hedges avaient pris le contrôle, avant que Maurice Lévy ne s’en empare, des créanciers répondent : « Avec Atos, on n’est pas sur le marché des pièges à loup du XVIIe siècle ! Les SSII fournissent des services numériques essentiels, en pleine croissance ! Atos est un leader mondial dans son secteur. »
Une fois la vente du souverain, de Worldgrid la parte de TFCo dans Atos sera de 65% et TFCo est sur un marché en décroissance annuelle de 1%.
Bonjour les pros !!
C’est pour ça que nous avons choisi cette photo d’illustrations, les Hedge Funds d’Atos sont tellement mauvais, que dans une corrida, ils se feraient alpaguer par le taureau.
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Si vous avez subi d’énormes pertes sur Atos, sachez qu’une action en réparation est en cours de constitution sur le site Upra.fr (l’Union Pour la Réparation des Actionnaires), pour recouvrer une partie de vos pertes par voie de justice. Cette action sera totalement gratuite pour les plaignants car nous la ferons financer auprès de fonds spécialisés qui prendront un pourcentage en rémunération et l’UPRA ne vous demandera aucun paiement ni cotisation ou autres. À ce jour, plusieurs fonds ont fait part de marques d’intérêts, mais nous n’avons pas encore de réponse définitive. La réponse dépendra du nombre de personnes pré-inscrits et des comptes audités 2023.
Afin de ne pas déstabiliser la société, cette action ne visera ni Atos, ni ses dirigeants ou ex-dirigeants, mais uniquement ses auditeurs (commissaires aux comptes) en particulier DELOITTE supposé être le n°1 mondial de l’audit, mais que l’UPRA soupçonne avoir été très complaisante vis-à-vis d’Atos avec les règles comptables en vigueur, et leur reproche d’avoir fait manquer une chance aux actionnaires de ne pas acheter l’action quand elle était surcotée vis-à-vis de sa réelle valeur et d’avoir fait manquer une chance d’avoir vendu, quand la société s’effondrait et que la comptabilité ne reflétait pas cet effondrement, en particulier une absence totale de dépréciation d’actifs en 2022.
Je rappelle qu’à la publication d’un jugement qui dirait le contraire, Deloitte est supposé avoir certifié les comptes d’Atos de manière totalement sincère, et l’avis exprimé ci-dessous est l’avis de l’UPRA uniquement et reste à l’état de soupçons tant que nos preuves n’auront été validées par un juge.
Pour des raisons de coûts de procédure, elle est réservée aux personnes ayant subi des pertes supérieures à 15 000€ minimum, sinon les coûts judiciaires, avocats, expertises, etc… en millions d’euros seraient supérieurs à la perte et ne seraient pas rentables pour le fonds qui financera ce recours. Soyez assuré qu’il ne s’agit pas de snobisme, mais réellement de contraintes financières.