Atos : J+14 et on n’a toujours pas en ligne l’offre qui a servi au choix du repreneur, mais le calendrier s’accélererait [Brève-blog]

 

Il semblerait selon une source que le timing d’avancée de la conciliation, la procédure dite de lock-up où l’on fige tous les termes, avancerait un peu plus vite que prévu. Néanmoins, on ne sait toujours pas sur quelques bases. La dernière proposition des créanciers n’ayant JAMAIS été mis en ligne. On est à J+14 du choix de l’offre des créanciers et on n’a toujours pas l’offre qui a été soumis. Il faudra donc attendre les 300 pages de la conciliation, et que la conciliation soit signée et donc en ligne (ce qui est une obligation) pour la connaitre… C’est triste cette Omerta permanente chez Atos. Tout comme le terme utilisé pour la période post conciliation : « procédure accélérée spécifique ». Non y’a pas de procédure spécifique à Atos, c’est une sauvegarde accélérée. Point barre.

Mesdames Messieurs de la dircom, présentez-vous à la députation, dans la politique votre langue de bois fera un carton.

Je rappelle que l’offre remise dans la nuit du 2 au 3 juin, était une offre provisoire réalisée à 2h30 du matin, cumulant 3 lettres d’intentions à des dates différentes et entêtes différentes et où il manquait les taux d’intérêts accordés aux prêteurs bancaires qui logiquement devraient être proches des 13% des obligataires, mais on aurait aimé avoir la version définitive, celle qui du soir du 9 juin pendant le dépouillement des bulletins européens et qui a permis le choix du consortium des créanciers obligataires.

C’est tout simplement un scandale que cette offre définitive ne soit toujours pas en ligne. Les membres du CSE ne peuvent pas faire entendre leur voix si l’offre présentait un risque de continuité d’activité.

D’une part, on ne sait pas qui fait partie du consortium exactement.

Est-on resté sur les 8 obligataires cités dans l’offre de 2h30 du matin du 3 juin, ou d’autres se sont-ils joints ?

On ne sait pas qui amène la new money sous forme de capitaux propres.

Bon sur ce point-là on sait quand même que c’est 175M€ et c’est une société à créer qui s’appelle SPV SAS qui à l’instar de Rallye avec Casino détiendra la part des Anchor investor, le consortium Onepoint, Butler, Econocom et 75M€ d’obligataires, inconnus.

La revue Belge L’Echo nous apprend finalement à peu près la répartition dans un article titré « Jean-Louis Bouchard Econocom : Atos va bénéficier de notre expérience ». Je rappelle que le MOP de Econocom est de 4% soit inférieur à celle d’Atos en 2023, donc on se demande qui aurait besoin de l’expérience de l’autre.

https://www.lecho.be/entreprises/tech-science/jean-louis-bouchard-econocom-atos-va-profiter-de-notre-experience/10550748.html

-Jean-Louis Bouchard apporterait 50M€ sans que l’on sache (c’est peut-être précisé dans l’article) si c’est à titre perso ou via Econocom.

-Walter Butler apporterait 50M€

-Et Onepoint, en grand prince, rajouterait 25M€ de plus et apporterait 75M€ (selon article Les Echos de la semaine dernière).

C’est finalement une décision sage, et très habile de David Layani. Ne mettre dans Atos qu’une somme que Onepoint pourrait se permettre de perdre. Attention 75M€ pour une société qui en fait 480M€ de CA ce n’est pas rien, il faudrait 4 années de vaches maigres sans dividendes pour compenser l’ardoise.

C’est une décision habile, car avec seulement 75M€ d’investissement David Layani sera CEO. Mais attention, il sera sous tutelle des créanciers qui auront la majorité des sièges au board, et comme tout mandataire social, il pourra donc se faire révoquer à tout moment si le ramage ne vaut pas le plumage, en gros si le rêve vendu par Layani ne se traduit pas dans la réalité. Et dans la finance, surtout avec les HF, il n’y a pas de pitié.

Soit David Layani réussit et dans 2 ans on lui donnera l’autorisation qu’Atos absorbe Onepoint. Il sera payé en actions Atos et le consortium SPV aura donc la majorité, probablement 50.01% du capital. Mais c’est dans 2 ans et uniquement si les objectifs sont remplis. Deux années fatidiques donc, soit la réussite d’une vie et David Layani sera le plein propriétaire d’une société de 8M€, soit l’échec et la réputation de Onepoint n’en ressortira pas indemne. Style les commerciaux de la concurrence « figurez-vous, ils se sont plantés avec Atos… ». Donc même avec un risque acceptable, l’enjeu pour Onepoint est capital. Presque zéro droit à l’échec.

Si les objectifs ne sont pas remplis c’est out David Layani et recrutement d’un ponte d’une ESN concurrente. C’est aussi simple.

Son risque financier minime est compensé par le risque de prendre la porte. Voire même de prendre la porte pour des désaccords sur la stratégie. Mais compte tenu de la petite taille de Onepoint et de son endettement brut assez élevé, c’était la meilleure solution pour Onepoint. Au pire, ils peuvent revendre leurs parts sur le marché s’il y avait désaccord.

En gros c’est un bon compromis pour un consortium. Les créanciers donnent les rennes à l’anchor investor, tout en gardant le contrôle sur lui. Toute la subtilité va donc maintenant revenir à David Layani à manager son égo et accepter de rendre des comptes, d’être un simple DG et pas un P-DG, ce qu’il n’a pas à faire avec Onepoint où il est P-DG.

Je ne tiens pas à minimiser le talent de David Layani. J’ai mis l’accent dans des articles passés sur des zones d’ombres car je trouvais qu’il s’était un peu trop scénarisé, mais il a un beau parcours (et un gros endettement) mais selon moi la probabilité de réussite du projet est de 50/50 avec l’ombre du refinancement qui plane à 3 ans.

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Selon mes informations, le calendrier serait donc en avance avec une signature de la conciliation espérée vers la mi-juillet et un accord de principe qui serait entérinée cette semaine. On imagine donc aisément que pour être en avance il n’y a pas eu de négociations des taux d’intérêts par Atos, le fait que ces conditions feraient partie des discussions à venir c’était du bla-bla, et que les créanciers vont avoir leurs 13% sur la new money, et 9% sur la dette conservée et probablement 10 à 11% sur la dette conservée des banques puisqu’elle arrivait à échéance.

Comme d’habitude la gouvernance aura désinformé faisant croire que ça n’était pas figé…

Lors d’une réunion d’information vendredi où Hélène Bringer, la DG France d’Eviden a recommandé la plus grande discrétion, elle a, parmi de nombreux sujets abordés, reconnu que les deux offres étaient imparfaites, reconnu que l’offre EPEI offrait une plus grande solidité financière, mais comportait des risques pour Digital, en gros pour son poste, puisqu’une fois le souverain enlevé, il ne reste plus que cloud, managed secured services et Digital.

Donc elle a reconnu que le choix s’est fait sur une offre imparfaite.

« Bonjour. Avez-vous un commentaire sur les différents avis que l’on peut trouver sur Internet (notamment de certains analystes financiers) expliquant que l’offre du consortium de OnePoint ne fera que repousser dans le temps les problèmes du groupe Atos ? (Notamment car il apporte peu de cash et de nouveaux prêts qui seront à des taux très élevés à cause de notre ranking actuel) »

– Notre ranking inclut des taux d’intérêts élevés… Pour moi pas d’offre idéale. Offre de DK présentait garanties financières solides. Il écrasait trop la dette. Mais incertitude importante pour Eviden: qui du Digital ?

On remarquera qu’Hélène Bringer, elle, ne conteste pas comme la dircom que les taux seraient renégociables, mais reconnait qu’ils sont élevés.

Après elle dit une grosse bêtise :

HB absolument pas impliquée dans le processus de choix du repreneur. La direction du groupe n’a pas été impliquée. C’est le choix des créanciers.

FAUX le choix du repreneur est le choix du board puisque l’entreprise en période de conciliation n’est pas sous tutelle. Le board reste souverain. Il pouvait faire le choix d’imposer aux créanciers l’offre Kretinsky en disant, « soit vous signez soit c’est la faillite ». Là avec l’offre des créanciers, on va peut-être avoir les deux…

Le DG France Raoul Roth était plus réservé, mais dans un call 3 jours plus tôt et disait qu’il ne pouvait confirmer cette avancée rapide, mais que les planètes étaient alignées avec une petite formule du style « tant que ce n’est pas signé, c’est pas signé ».