Atos vers une assemblée générale décisive pour son avenir (LE MONDE)

Alors que Daniel Kretinsky continue de rôder autour des activités historiques, le groupe d’informatique ATOS doit préciser son plan de scission et défendre sa gouvernance face à des actionnaires dissidents. Dans le basket, on appelle cela le « money time », ces dernières minutes de tension suffocantes qui décident de l’issue du match.

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Publié le 15/06/2023 à 09h30  – Temps deLecture 3 min.

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Dans le basket, on appelle cela le « money time », ces dernières minutes de tension suffocantes qui décident de l’issue du match. Atos est entré dedans. Le 28 juin, le groupe d’informatique devra défendre devant ses actionnaires, réunis en assemblée générale, l’avancée du plan de scission dévoilé il y a tout juste un an, le 14 juin 2022.

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Entretenues depuis plusieurs mois, les discussions avec Daniel Kretinsky (actionnaire indirect du Monde) pour lui céder Tech Foundations, la division d’informatique traditionnelle (infogérance, centre de données…) sont dans une phase ultime. Accord ou pas, une décision devrait être prise avant l’assemblée générale. A en croire une présentation financière faite par la direction générale de Tech Foundations le 7 juin, un échec ne serait pas une catastrophe : à la peine ces trois dernières années, la division retrouve un peu de vents porteurs et a une « valeur positive », a vanté Nourdine Bihmane, le codirecteur général d’Atos chargé de cette activité.

Question de responsabilité

L’homme connaît parfaitement l’univers de la défense, l’un des principaux domaines d’activité d’Eviden, et il pourrait faire tampon avec Thales, peu emballé à l’idée que son concurrent Airbus mette la main sur cette division. Le groupe de défense s’était lui-même positionné sur Eviden, mais n’était intéressé que par une petite partie de ses activités.

Cette assemblée générale est d’autant plus importante que plusieurs actionnaires, emmenés par la société de gestion d’actifs Sycomore AM, expriment depuis plusieurs semaines leur scepticisme et demandent la révocation du président du conseil d’administration, Bertrand Meunier, responsable, selon eux, de par sa fonction, de la chute de 80 % du cours de l’action en trois ans.

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Leur projet : faire élire Leo Apotheker, ancien directeur général des groupes d’informatique HP et SAP et actuel administrateur de Schneider Electric, poste qui pourrait ensuite le conduire à prendre la présidence de l’entreprise. Ils souhaitent aussi le départ de deux autres administrateurs, Aminata Niane et Vernon Sankey.
Coopté au conseil d’administration le 17 mai, Jean-Pierre Mustier, l’ancien directeur général de la banque italienne Unicredit, a été envoyé au front moins d’un mois plus tard, le 9 juin, devant des analystes financiers. Sa mission : défendre le groupe et son président. Selon des participants, M. Mustier mis une grande partie de la responsabilité des difficultés d’Atos sur le dos de Thierry Breton, PDG du groupe jusqu’à l’automne 2019, avant sa nomination à la Commission européenne.
Il a également menacé de démissionner si la révocation de M. Meunier était votée lors de l’assemblée générale. Il n’a enfin pas été tendre avec M. Apotheker, en mettant en avant ses évictions chez HP et SAP. « On lui a rappelé que si on se base sur sa fiche Wikipedia, on pourrait lui reprocher toute sa vie d’avoir été le patron de Jérôme Kerviel au moment de l’affaire à la Société Générale » en 2007-2008, raconte un participant à la réunion.

Deux agences contre une éviction

M. Apotheker a entendu ces critiques, relayées dans un communiqué officiel d’Atos, et dit « en avoir souri », car « si le cours de Bourse du groupe d’informatique a perdu 80 % en trois ans, alors qu’il y a une demande forte des entreprises pour les services digitaux, c’est bien la faute d’une gouvernance catastrophique ».

« Nous pensons que pour sauver Atos il faut avoir le courage de changer les habitudes », poursuit le dirigeant franco-allemand, qui travaille dans l’informatique depuis quarante ans. « Si je suis candidat, c’est que je suis prêt à m’engager pleinement. Il faut un conseil d’administration compétent qui compte au moins un tiers d’administrateurs qui comprennent le métier d’Atos pour avoir une discussion intelligente », insiste-t-il, pour défendre sa candidature.

Agissant de concert avec d’autres actionnaires, Sycomore revendique 3 % du capital d’Atos, mais espère rallier plus de monde à sa cause à l’approche de l’assemblée générale. L’atteinte de la majorité des votes s’annonce toutefois difficile. ISS et Glass Lewis, les deux agences américaines spécialisées dans le conseil en vote aux actionnaires, dont les avis ont été publiés le 14 juin, recommandent toutes les deux de voter contre les résolutions dissidentes présentées par Sycomore.

« Sur la base des documents divulgués, le dissident n’a pas présenté d’arguments suffisamment convaincants pour justifier un changement à l’heure actuelle », explique ISS, estimant qu’« il n’y a pas de preuve évidente que le conseil d’administration, qui a été considérablement renouvelé au cours des dernières années, ne fonctionne pas bien ».

https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/06/15/atos-vers-une-assemblee-generale-decisive-pour-son-avenir_6177720_3234.html

 

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